OMC : la date butoir passe aux oubliettes
Oublié le 30 avril ! Sans grande surprise, le délai fixé en décembre lors de la conférence interministérielle de Hong Kong n'a pas été tenu. Le secrétaire général de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) Pascal Lamy a reconnu en début de semaine que les négociateurs ne parviendraient pas à conclure leurs discussions pour cette échéance, faute de consensus à propos de l'agriculture.
Le 18 décembre, l'OMC avait mis tout le monde d'accord autour de la disparition totale des subventions à l'exportation d'ici 2013. Mais l'absence de réciprocité agitée par l'Europe, notamment vis-à-vis des Etats-Unis et de leurs subventions déguisées a plombé les négociations et paralysé toute décision. « L'Europe, montrée du doigt trop longtemps, s'est mobilisée et n'a pas failli [...]. Alors que l'Europe a déjà fait évoluer sa politique agricole pour cette négociation, de nombreux autres pays refusent de s'engager dans des réformes. Les engagements réciproques doivent être véritablement équilibrés », a déclaré la FNSEA à la suite de l'annonce de Pascal Lamy.
Pour le monde agricole européen, ce report est un signe positif, et marque la volonté des négociateurs de ne pas céder. Les déclarations des hommes politiques français ont également de quoi réconforter les agriculteurs, avec par exemple la ministre déléguée au Commerce extérieur Christine Lagarde qui a estimé mardi que « les Etats-Unis doivent enfin accepter de limiter leurs subventions qui perturbent les échanges commerciaux mondiaux ». Compte tenu du surplace observé, le calendrier des négociations est de nouveau bouleversé, et accuse dorénavant 2 ans de retard pour le cycle de Doha, engagé en 2001. D'ores et déjà annulée, la réunion du 30 avril devait initialement déboucher sur le dépôt des listes de concession, effectif au 31 juillet. Aucune nouvelle date n'a été fixée par l'OMC pour boucler l'épineux problème des droits de douanes, qui promet de belles empoignades. Pascal Lamy a imploré les quatre grands acteurs de la négociation (Brésil, Etats-Unis, Inde, Union européenne) de faire des concessions mutuelles, en rappelant que Washington et Bruxelles devaient offrir davantage en termes d'agriculture, et Brasilia et New Delhi ouvrir plus leur marché aux produits industriels. Le secrétaire général de l'OMC a laissé entendre qu'un accord devait être trouvé avant le 9 juin, coup d'envoi d'un autre événement d'ampleur planétaire. « Il y a une Coupe du monde en juin et nous devons faire en sorte qu'elle ne détourne pas trop l'attention », a estimé M. Lamy.