OGM : quand les filières qualité s’en mêlent
«Résistez ! » Tel est le titre de l’appel signé par un collectif de producteurs gersois, représentant de filières agricoles tracées non-OGM, qui exhortent « l’ensemble des producteurs du Gers et plus largement de Midi-Pyrénées à ne pas semer d’OGM ». L’originalité, c’est que cette initiative rassemble des acteurs de filières de qualité et des entreprises spécialisées dans le pop-corn, en contradiction avec les orientations des grandes coopératives régionales.
« Des producteurs ont, depuis des années, travaillé au développement de produits de qualité et sécurisé des marchés, expliquent les signataires. C’est ce travail de longue haleine qui nourrit l’image de toute une région, qui enrichit sa réputation gastronomique, ses traditions, ses savoir-faire. Or, la vulgarisation des OGM condamne tous les efforts entrepris, car elle détruira la vitalité économique agricole de notre département et de notre région, en faisant peser le doute qualitatif sur toutes les productions. »
Nataïs et Sweet-corn en pointe du combat
Deux entreprises ont ainsi signé l’appel : Nataïs, leader européen du pop-corn, qui s’approvisionne auprès de 120 producteurs (3 000 ha) cultivant du maïs non-OGM, et pour lequel l’image d’un « Sud-Ouest OGM » pourrait être catastrophique auprès de sa clientèle française et étrangère (85 % de son CA se fait à l’export) ; Sweet Corn, spécialisée dans les épis de maïs doux (15 M en 2006) qu’elle exporte dans toute l’Europe et qui « redoute la contamination ». Mais le collectif regroupe également un responsable du magasin Biocoop d’Auch, deux conserveurs de foie gras à la ferme, une productrice de volailles bio, dont l’élevage est directement menacé par le projet de son voisin d’implanter 60 ha de maïs OGM (projet qu’il a confirmé par lettre recommandée). Le représentant de l’ UFC Que Choisir du Gers, qui s’indigne du mépris des consommateurs, émet des grandes craintes pour l’avenir des labels rouges (comme les poulets fermiers du Gers) et le futur Palmipôle du Gers, pôle d’excellence rurale, bâti autour de l’activité foie gras.
Celui-ci porte notamment sur la structuration de la filière fermière et la mise en place d’une certification en IGP fermière Gers. «Si l'on compte tous les producteurs de maïs doux et à pop-corn, ceux qui font du foie gras et les agriculteurs bio, c'est un très grand nombre d'exploitants qui est concerné par les risques de contamination liés aux OGM», précise Gérald Cardeillac, membre du conseil d'administration du groupement bio du Gers. En effet, selon certains spécialistes (cités par exemple par Greenpeace), ce n'est pas la distance d'isolement de 50 m, préconisée par les récents décrets, qui protègera les cultures non-OGM d'une dissémination de pollen OGM dans l'environnement.