OGM, pas d’essais en plein champ en 2008 ?
«Le gouvernement rappelle que les doutes sur cet OGM (ndlr : le MON 810), actuellement cultivé en France, ne condamnent pas l’intérêt de cette technologie pour relever les défis alimentaires et environnementaux », annonçait vendredi dernier François Fillon en même temps que l’annonce de l’engagement de la France vers la clause de sauvegarde sur le maïs MON 810. Une déclaration assortie de l’annonce d’un plan « sans précédent » d’investissement dans les biotechnologies végétales de 45 M Eur, soit une multiplication par 8 des budgets actuels. Depuis Valérie Pécresse, ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur, tente de rassurer les chercheurs français sur le soutien que leur porte le gouvernement. Un message qui a visiblement du mal à passer du côté des semenciers à qui Les Marchés ont demandé s’ils poursuivraient des essais en plein champ sur les OGM en 2008.
« On continue la recherche sur les biotechnologies végétales, on va même l’accélérer, mais 100 % des essais en plein champ se feront à l’étranger en 2008 », déclare Jean-Claude Guillon, directeur des affaires institutionnelles et de la communication de Limagrain, précisant que toutes les démarches avaient été anticipées pour obtenir les autorisations en-dehors de l’Hexagone.
Résignation
« La France, on en a un peu marre », ajoute-t-il s’interrogeant sur la réelle portée de l’annonce des 45 M Eur. S’agira-t-il véritablement de produire les connaissances nécessaires au développement des variétés végétales capables de produire plus et mieux ?
Chez Pioneer, le sentiment est plutôt à la résignation. Le semencier, qui prépare un colloque le 6 février sur les biotechnologies à Toulouse, a déposé des demandes d’autorisations pour de nouveaux essais en plein champ en France. Mais comme la commission du génie biomoléculaire (CGB) n’existe plus, les dirigeants de l’entreprise partent du principe que pour 2008, il n’y aura pas de nouveaux essais délivrés par le ministère de l’agriculture. En revanche, ils comptent bien exploiter les autorisations délivrées précédemment pour des programmes pluriannuels.
Syngenta-agro se montre de son côté plus optimiste. « On n'a pas jeté l'éponge, tous les ans on met des essais en place, on les fait protéger, surveiller. Mais cela devient difficile de trouver des acteurs volontaires », confie son porte-parole Laurent Peron. Si le semencier avoue que beaucoup de choses se « passent en dehors de la France », une demande d'essais en plein champ a encore été déposée cette année.
Reste à savoir si l'autorisation sera accordée dans les temps (avant le mois d'avril). « Nous sommes dans un échéancier assez serré », reconnaît Laurent Peron.
Monsanto, plus important meneur d'essais OGM en France (16,2 hectares l'an dernier), a choisi de rester muet sur le sujet. Le semencier prépare actuellement sa défense avant le dépôt de la clause de sauvegarde de la France sur le MON 810.