OGM : le Céréopa explique comment faire sans
Le maintien de filières animales non-OGM est une question de politique et d’organisation avant de dépendre de l’évolution de l’offre, a démontré jeudi dernier Patricia Lecadre, du Céréopa, au cours d’une session de l’Aftaa consacrée aux stratégies « avec ou sans OGM » dans l’alimentation animale. Depuis l’hiver dernier, des fabricants d’aliments ont remis en question leur approvisionnement en soja non-OGM tandis que d’autres ont dédié des sites. Mais globalement la demande en soja et maïs conventionnels diminuerait, en particulier dans le Sud où le pourcentage de tourteaux sans OGM pourrait passer de 22 % à 15-20 % cette année ; ainsi qu’en Europe, selon certains importateurs.
La flambée cet hiver de la prime du tourteau de soja « PCR - » contenant moins de 0,9 % par contamination fortuite, au-delà de 90 euros/tonne, et les difficultés à cerner le marché font hésiter les utilisateurs. Ce pic était accidentel, a soutenu l’observatrice des marchés de matières premières. Il était dû à des problèmes d’exécution sur le marché européen. Un contexte de prix élevés relativiserait plutôt le surcoût d’une denrée sans OGM.
Des marchés indépendants
Mais la prime est loin d’être le seul élément déterminant, a-t-elle démontré. En effet, les marchés du « sans » et « avec » OGM évoluent de plus en plus indépendamment l’un de l’autre. Ainsi, il se pourrait bien que le maïs français se fasse moins cher que l’américain en 2008/2009. Ensuite, cela dépendra du développement de la culture en Europe. Les simulations du Céréopa montrent un impact modéré de cette prime sur les filières, la dinde faisant exception. Avec une prime du tourteau de soja de 30 % sur un soja rendu Bretagne à 372 euros/t (avril 2008), le surcoût d’un aliment pour poulet Label Rouge est de 5,3 % ; le surcoût d’un aliment porc croissance de 1,8 %. L’impact maximum sur le coût du poulet label vif est 2,72 % et sur le porc de 0,95 %. L’impact au niveau du distributeur se limite à 1,4 % pour le poulet label et sans doute à moins en porc. D’où l’intérêt de suivre l’Allemagne sur l’étiquetage. Certaines filières peuvent se replier techniquement sur des matières premières alternatives : la vache laitière sur le tourteau de colza et le pois en vache laitière, le porc sur le pois, et le poulet de qualité « intermédiaire » (56 jours d’élevage) sur la féverole par exemple. En poulet, l’allongement de la durée d’élevage diminue les besoins protéiques, mais les formules à 75 % de céréales au minimum rendent le soja indispensable. La condition est de rendre ces matières premières plus disponibles.
La gestion de la mixité est plus pénalisante, analyse le Céréopa. Le facteur logistique devient prépondérant : quel est l’intérêt d’un importateur qui charge 35 000 t de tourteau de soja en Argentine de faire escale au Brésil pour 15 000 t de tourteau tracé. Les économies d’échelle, les contrats d’approvisionnement et les sites dédiés sont les solutions, à condition, cependant que les règles s’éclaircissent en cas de contamination fortuite.