OGM : l’ambiance aussi a été modifiée
Certains signes ne trompent pas. Pour éviter les destructions de parcelles et autres arrachages d’OGM, qui se multiplient ces derniers jours, certains groupes semenciers et céréaliers ne se contentent pas de barrières pour assurer la protection de sites devenus sensibles. Plusieurs d’entre eux se sont déjà tournés vers des entreprises de sécurité privée, une escalade de la tension qui répond à l’intensification des campagnes d’arrachages menées par les collectifs de «
faucheurs volontaires ».
Mercredi, lors d’une tentative de destruction d’une parcelle de mais OGM à Menville (Haute-Garonne), le gardien chargé de la surveillance du site a été «
brutalisé » selon Pioneer, la société visée par cette action d’arrachage. De quoi apporter opportunément de l’eau au moulin des détracteurs de la sécurité privée. Pour Olivier Keller, secrétaire national de la Confédération Paysanne, l’apparition de ces sociétés sur le terrain montre que les pouvoirs publics n’assument pas leur position vis-à-vis des OGM. «
Le grand chambardement est intervenu après les actions d’août 2004 où des moyens énormes ont été employés pour repousser les faucheurs volontaires. Biogemma et d’autres avaient alors demandé la protection des forces de police ».
L’émergence d’entreprises privées apparaît comme une réponse à certaines critiques sur l’utilisation de deniers de l’Etat pour protéger des essais très controversés par l’opinion publique. Si, du côté des semenciers, on insiste sur la légalité des essais d’OGM et la nécessité de protéger les expérimentations, la désobéissance civile est prônée par l’autre camp, qui joue de plus en plus au chat et à la souris. Une souris qui reste à l’affût des parcelles les moins protégées. Depuis un mois, les arrachages se sont succédés, touchant indifféremment les sites de Pioneer, Syngenta ou autres, sécurisés ou non. Une belle perspective pour la sécurité privée, au vu des chiffres de l’année 2004. Selon la Commission du génie biomoléculaire, la moitié des essais en plein champ d’OGM conduits en France en 2004 a été détruite par des opposants. Sur un total de 48 parcelles, 26 ont été arrachées par les anti-OGM, des actions menés en grande majorité sur des parcelles de maïs.