OGM : la tension monte entre les Etats-Unis et l’Europe
À quelques mois de son accession à la présidence du Conseil de l’Union européenne, la France ne semble toujours pas très pressée de livrer son calendrier en matière d’OGM. Un blocage inquiétant sur un sujet brûlant qui agace la coulisse bruxelloise et ce dans un contexte qui devient de plus en plus tendu. « Outre le retard qu’accumule l’Europe dans ce secteur, il existe au moins deux points à considérer parmi de nombreux autres. D’abord comment nous, Européens, allons-nous par exemple gérer la pénurie qui se profile en matière d’alimentation animale à l’horizon fin 2008-2009 ? Ensuite, de quelle manière allons-nous répondre aux demandes pressantes des Américains concernant le respect des accords de l’OMC ? » nous a confié Nathalie Moll, directrice des biotechnologies écologiques chez Europabio. Ces dernières semaines, le ton est encore monté d’un cran entre le « Vieux Continent » et la zone Amérique du Nord. Les Américains, se basant sur une décision de l’OMC de novembre 2006 ayant établi que le système d’approbation européen donnait lieu à des retards inappropriés, sont désormais passés au stade des représailles.
Etats-Unis, Canada et Argentine ont en effet estimé que la période raisonnable au cours de laquelle l’Europe aurait pu rectifier son attitude était écoulée. Désormais, c’est donc au rythme d’au moins une fois par trimestre que sera contrôlée la bonne volonté européenne en la matière. La prochaine visite d’une délégation américaine aura lieu en mars sur un benchmark précis, avec à terme des demandes de sanctions si rien n’est accompli.
La France devra trouver le compromis
Le contexte est pour le moins complexe et voilà qu’un sondage effectué à la demande d’Assobiotec, l’association des biotech italiennes qui n’hésite pas à monter au créneau sur les questions touchant les biotech écologiques, vient en soutien inattendu du camp américain. En Italie, plus fermée encore que la France à l’arrivée des OGM (elle interdit les essais en champs), 67 % des producteurs de maïs de Lombardie disent qu’ils sont prêts à se lancer dans ce type de culture. 80 % d’entre eux pensent qu’il est absurde d’interdire la culture de maïs OGM tout en autorisant leur importation massive. Plus encore qu’en France, le démenti des professionnels de l’agriculture s’avère cuisant pour le politique. « Avec le changement de gouvernement qui se profile dans notre pays, nous pensons que les choses vont évoluer sur la question OGM. Des ouvertures intéressantes pourraient se créer », nous a indiqué Roberto Gradnik, président d’Assobiotech. Du grain à moudre en perspective pour la France, devenue après l’Autriche le nouveau héraut de la lutte anti-OGM.