OGM : la FNSEA claque la porte du Grenelle
La question des OGM a dynamité le bon déroulement du Congrès des producteurs de grains (Orama), à Tours, le 20 septembre. En apprenant les déclarations de Jean-Louis Borloo rapportées par Le Mondedu 21 septembre ( « tout le monde est d'accord : on ne peut pas contrôler la dissémination. Donc on ne va pas prendre le risque »), les responsables d'Orama ont pris « un coup de massue », a avoué le président d'Orama, Philippe Pinta. Les céréaliers français ne s'attendaient pas non plus à ce que le président du groupe « OGM » du Grenelle de l'Environnement, le sénateur UMP Jean-François Legrand, confirme que Jean-Louis Borloo souhaitait que « toutes les autorisations (soient) actuellement gelées (…) jusqu'au vote de la loi. » Un projet de loi sur les OGM est attendu à l'issue de la grande messe environnementale voulue par Nicolas Sarkozy, fin octobre. Les propos du ministre de l'Écologie n'ont toujours pas été confirmés ni infirmés par le gouvernement, son porte-parole se contenant de dire qu’aucune décision n’était prise.
Barnier sous les sifflets
Mais la réaction de la FNSEA a été immédiate : ses représentants « ne participeront pas au groupe de travail sur les OGM » qui devait se tenir vendredi 21 septembre, a-t-elle fait savoir. Ce groupe se réunissait pour la dernière fois. Le syndicat agricole continue pour l'instant de siéger dans les autres groupes de travail du Grenelle mais prévient : « si, sur l'ensemble des sujets concernant l'agriculture, toutes discussions et échanges sont vains, si les conclusions sont déjà écrites, alors la FNSEA n'aura d'autre choix que de se retirer définitivement du Grenelle. » La profession réévaluera sa position « si le gouvernement formule un démenti catégorique » aux propos de Jean-Louis Borloo. Jean-Louis Borloo a-t-il voulu calmer les militants anti OGM en leur donnant des gages ?
Le Président de la République suit-il son ministre ? Ou encore assiste-t-on au début d'un grand marchandage dans lequel les organisations écologistes auraient cédé sur la question du nucléaire pour avoir la peau des OGM, comme le redoutaient certains producteurs présents à Tours ? Les responsables d'Orama vont écrire au Premier ministre pour demander des explications.
« Trop c'est trop. Le contrat est rompu. (…) La confiance n'est plus possible », a lancé au ministre de l'Agriculture, Philippe Pinta. Michel Barnier, invité au Sommet du végétal de Tours, a été accueilli sous les sifflets. Tentant en vain de calmer l'auditoire, qui scandait : « Borloo démission ! », le ministre a voulu rassurer : « Contrairement à ce que vous avez lu, cette décision(ndlr, le gel des autorisations d'OGM) n'est pas tranchée », ajoutant : « Nous ne sommes pas au bout des discussions du Grenelle. Ce n'est qu'à la fin du mois d'octobre que les groupes de travail feront des recommandations. (…) Et Nicolas Sarkozy prendra les décisions. » Mais les sifflets reprenaient de plus bel. Cet épisode ressemble fort à une fausse note de taille dans la communication gouvernementale.
Pour ajouter au malaise, le Tribunal correctionnel de Carcassonne a décidé, le 19 septembre, de reporter « sine die » le procès de José Bové et de quatre autres militants anti OGM, pour avoir conduit une action en 2006 contre le semencier américain Monsanto, dans l'Aude. D'autres procès contre des faucheurs d'essais OGM prévus à Toulouse et à Chartres pourraient aussi être reportés.