OGM : embargo à haut risque pour l’élevage
Les responsables du syndicalisme majoritaire céréalier (Orama, AGPM, AGPB) ont ressorti opportunément la semaine dernière une étude de juillet 2007 menée par la DG Agri sur l’impact économique de la non-autorisation des OGM sur les importations d’aliments du bétail et sur la production animale dans l’UE. L’impact serait modéré dans le secteur du maïs, reconnaît l’étude. « Les importations(de maïs grain potentiellement OGM, Ndlr) pourraient être remplacées par du maïs provenant de l’UE à 27, par d’autres céréales européennes ou par des importations en provenance d’autres partenaires commerciaux (que l’Argentine, le Brésil ou les Etats-Unis, Ndlr) », écrivent les experts. « De même, les importations de Corn gluten feed et de drêches de distillerie peuvent être remplacées par des matières premières pour l’alimentation animale d’origine non céréalière, ou par des sous-produits. »
Une délocalisation de l’élevage
Les conséquences seraient en revanche beaucoup plus dévastatrices en cas d’embargo sur le soja et les tourteaux de soja potentiellement OGM. « Peu d’alternatives existent pour remplacer ces importations riches en protéines », poursuit la DG Agri. « Au total, une augmentation possible des surfaces semées en oléagineux et protéagineux pourrait remplacer au maximum 10-20 % des importations européennes de soja et de tourteaux de soja ». Or l’éventualité d’une suspension des importations européennes de soja américain se précise, pointent les experts. La variété MON 89788 amenée à se substituer au Roundup Ready 40-3-2, à partir de 2008 et 2009, risque de ne pas être autorisée sur le marché européen avant longtemps. En juillet, le dossier était n’était pas encore déclaré «incomplet » par l’agence européenne, l’EFSA. Or, le soja qu’il remplace couvre 87 % de la surface en soja aux Etats-Unis et 60 % de la surface mondiale.
Selon le scénario le plus pessimiste, celui d’une interruption totale des importations de soja et de tourteaux de soja en 2009-2010, le déficit d’importations en Europe s’élèverait à 32,3 Mt d’équivalent tourteaux de soja. L’impact serait dévastateur sur les prix. La prévision des dépenses totales en alimentation animale est en hausse de 23 % dans le scénario « médian » (une interruption en provenance des Etats-Unis et d’Argentine), et de 600 % dans le scénario pessimiste.
L’impact à court terme sur la viande de porc en Europe serait une baisse très faible de la production dans le scénario médian mais très élevée (- 35% à l’horizon 2010) dans l’hypothèse pessimiste. De même dans le secteur de la volaille : - 2% dans le scénario médian, mais - 44% en 2010 dans le scénario pessimiste. « L’élevage européen de viande blanche verrait sa compétitivité s’effondrer et il s’en suivrait une véritable délocalisation de cet élevage vers l’Argentine et le Brésil », assure Orama. « Inacceptable, cette évolution est pourtant probable s’il n’y a pas de changement de contexte réglementaire », s’alarme l’organisation.
