OGM : ce que les experts reprochaient au maïs MON 863
Au moment même où les ministres des quinze planchent sur la levée du moratoire concernant les OGM, une révélation sème le doute sur le fonctionnement de la Commission du génie biomoléculaire (CGB) et les risques des OGM sur la santé animale. A l’origine de ce «scandale», l’obtention par l’ex-ministre de l’Environnement Corinne Lepage, du procès verbal d’un avis défavorable émis en octobre 2003 sur le maïs transgénique MON 863. L’avocate, qui est aussi présidente du Comité de recherche et d’information sur le génie génétique (Crii-gen), a eu accès à ce document par le biais de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA). Et elle en a révélé le contenu à l’AFP jeudi dernier. Dans le document, la CGB juge que le test de toxicité conduit sur des rats pendant trois mois avec le maïs MON 863 « soulève de nombreuses différences significatives» entre le groupe témoin et le groupe nourri 90 jours avec le maïs OGM. Le groupe nourri aux OGM présenterait en effet une augmentation de globules blancs et de lymphocytes chez les mâles, une baisse de réticulocytes (précurseurs des globules rouges) chez les femelles et un poids de rein diminué chez les mâles, notamment. Aux vues de ces résultats, la CGB déclare dans son avis qu’elle « n’est pas en mesure de conclure à l’absence de risque pour la santé animale en ce qui concerne le maïs MON 863». Pourtant, ce même maïs a reçu le feu vert de l’Afssa (Agence française de sécurité des aliments) et vient d’obtenir celui de l’Aesa (Agence européenne de sécurité des aliments).
Les consommateurs en colère
Une contradiction qui n’a pas manqué de soulever la colère des consommateurs. « Il est inadmissible que les instances d’évaluation autorisent un dossier comportant de telles inconnues», a déclaré la CLCV dans un communiqué qui demande qu’à l’avenir le contenu des débats des commissions d’évaluation soit accessible au public. Quant à l’UFC-Que choisir, elle réclame la création d’urgence d’un « deuxième cercle» de consultation associant les consommateurs. Corinne Lepage, de son côté, milite pour une systématisation des études sur les animaux et pourquoi pas « des études sur l’effet de l’alimentation transgénique sur les humains» (dans une interview accordée au journal Le Monde du 22/04). Sans aller jusque-là, l’Afssa, défavorable au maïs doux Bt 11 dans un avis rendu le 15 avril, demande une étude de toxicité/tolérance chez le rat ou une tolérance/alimentarité chez un animal d’élevage (par exemple, le poulet en croissance) réalisée sur des individus consommant régulièrement du maïs doux Bt.