OCM vins : « gare à la concurrence déloyale »
LM : La France a obtenu le maintien des droits de plantation jusque fin 2015 avec possibilité de prolonger jusqu'en 2018, êtes-vous satisfaits sur ce point sensible ?
Xavier de Volontat : Oui, parce que nous savions que le système actuel arrivait à échéance en 2010. Nous avons donc jusqu'en 2015 pour nous préparer et mettre en place des outils. C'est bon d'avoir cinq ans pour réfléchir et trouver le moyen de gérer ces droits.
LM : Bruxelles a également cédé sur le maintien de la chaptalisation, s'agit-il d'un motif de soulagement pour les vignerons indépendants ?
X.V. : C'est compliqué et lié aux us et coutumes. Il faudra peut-être évoluer. Mais les moûts concentrés coûtent cher à l'Europe. Si on veut l'égalité des coûts entre les zones viticoles, il faut laisser la chaptalisation et aider les moûts. L'autre solution serait de dire, on place les aides européennes sur le moût concentré et tout le monde s'y met. La baisse des taux de chaptalisation, décidée par Bruxelles, ne nous pose pas de problème.
LM : Ce qui change vraiment dans la réforme ce sont les enveloppes affectées à chaque pays (280 M Eur pour la France dès 2011)...
X.V. : Oui, il va y avoir une partie de subsidiarité nationale, c'est bien car chaque pays a ses problèmes. Mais il faudra une harmonisation européenne et des garde-fous pour que cela ne crée pas de concurrence déloyale. Dans l'écriture, la Commission devra être prudente. Quant à l'utilisation de son enveloppe par la France, j'espère que l'ensemble de la filière réfléchira bien. Pour ma part, je serais plutôt pour soutenir la promotion et continuer la restructuration pour affronter la compétition mondiale et européenne. Il faut se doter d'outils de performance Plutôt que recourir à la distillation, utilisons des mesures positives.
LM : A propos de la distillation, les Etats membres conservent le droit de disposer de cette mesure, sous une forme rénovée. Il sera notamment possible de la rendre obligatoire dans le cadre interprofessionnel, qu'en pensez-vous ?
X.V. : C'est compliqué, cela peut créer des aberrations en obligeant les gens qui vendent tout leur vin à distiller. Le ministre a donné un devoir à tous les vignerons sur la gouvernance au sein de la filière. J'espère qu'on n'accouchera pas d'une souris et qu'on saura anticiper les crises avec des mesures permettant d'éviter la distillation.
LM : Sur les cépages, la réforme assouplit les règles en matière d'étiquetage mais interdit les mélanges de vins de cépages entre différents Etats membres...
X.V. : Ca fait un an et demi qu'on le demande. Le non-assemblage entre les différents pays est tout à fait logique.
LM : Vous semblez globalement satisfaits de l'accord conclu mercredi à Bruxelles, laisse-t-il toute leur place aux vignerons indépendants ?
X.V. : Je l'espère, nous représentons quand même en France 50% de la production. Il s'agit d'une OCM de transition. Ce n'est pas la panacée, mais il y a de bonnes mesures. Il faut changer notre métier, on a cinq ans pour s'adapter.