Ochratoxines : des risques mieux connus mais à préciser
Les effets néfastes des mycotoxines véhiculées par les boissons et les aliments sont de mieux en mieux connus sur la santé des animaux comme des hommes, mais il faudrait poursuivre les études épidémiologiques. Les Américains HA Clark et SM Snedeker se sont livrés à une revue bibliographique des données concernant l'une d'entre elles, l'ochratoxine A, que l'on retrouve principalement dans les céréales, le vin, le jus de raisin mais aussi dans différents aliments.
L'ochratoxine A (OA) est associée à nombre d'effets délétères, notamment à une toxicité rénale. La revue Environnement, risques et santé (2007) se fait l'écho d'une revue critique des américains HA Clarke et SM Snedeker sur les effets de cette mycotoxine et les sources d'exposition pour l'homme, contaminé principalement par voie orale. Tous les pays ne disposent pas de données fiables de contamination de leurs boissons et de leurs aliments. Cependant, l'UE a cherché en 2002 à évaluer les apports alimentaires, indiquant que les céréales (50%), le vin (13%), le café (10%), les épices dont le poivre noir, la coriandre, le gingembre, le curcuma et le piment (8%), les jus de fruit (6%), les bières (5%), le cacao (4%), les raisins secs (3%) et même la viande (1%) peuvent être des sources de contamination pour l'homme, même si les seuils réglementaires sont ici rarement franchis.
L'absence de données dans les pays exportateurs limite l'évaluation des apports globaux dans l'UE. Certaines sources montrent qu'en Europe, au début des années 90, les plus hauts niveaux d'OA étaient relevés en Europe de l'Est, dans la farine de seigle en Pologne, dans l'orge en République Tchèque et dans la farine au Royaume-Uni.
L'inhalation par poussière domestique et en milieu agricole semble moins incriminée que la contamination par l'aliment, comme l'ingestion via le lait maternel dont quelques cas ont été notés. Le taux sanguin d'OA peut être élevé, tant en Europe qu'en Afrique du Nord, les taux les plus élevés étant observés dans des populations comprenant des sujets ayant des infections rénales (35-100 ng/ml).
Incidence de cancers ?
Chez les rongeurs, le National Toxicology Programm (USA) a montré une incidence accrue de tumeurs, mammaires chez les rates, rénales chez les rats et les rates, hépatiques chez les souris. L'OA serait génotoxique et immunotoxique, même si son mode d'action n'est toujours pas élucidé. L'exposition à l'OA a été associée à la néphropathie endémique des Balkans qui s'accompagne d'une incidence accrue de cancers du rein, de l'urètre et de la vessie ainsi qu'à la survenue de cancers urothéliaux.
Une relation entre incidence accrue de cancer du testicule et exposition à l'OA a été suggérée par certaines études. Ainsi, l'incidence de ce cancer est apparue associée, dans une vingtaine de pays, à la consommation par habitant de café et de porc. Il est nécessaire d'affiner ces données par des études précises sur les taux d'exposition et les habitudes alimentaires et d'allaitement. En effet, aucune étude épidémiologique n'a finalement évalué aujourd'hui de façon adéquate le risque de cancer à l'OA chez l'homme.