Objectif : 12 millions de tonnes à l'export

r > Docker faisant la mise à niveau du blé en fin de chargement de cale.
S'assigner un objectif d'exportation française de blé tendre de 12 millions de tonnes vers les pays tiers est-il raisonnable ? Au vu des bilans de ces dernières campagnes et notamment ceux de FranceAgriMer, qui tablent sur 11,4 millions de tonnes en 2013/2014, cette perspective ne paraît pas utopique. Encore faut-il que l'exportation française surmonte certains handicaps pour échapper à une spirale de baisse de ses parts de marché dans les échanges internationaux.
Des spécialistes de l'exportation céréalière en ont débattu à l'occasion d'une journée d'information et d'échanges réalisée par France Export céréales, avec nos confrères Réussir Grandes Cultures et La Dépêche Le Petit Meunier, le 1er avril.
“ Nos concurrents offrent un meilleur rapport qualité/prix
Au cours des six premiers mois de cette campagne, les exportations de blé de l'Union européenne à destination des pays tiers ont représenté 14,2 millions de tonnes contre 9,5 millions de tonnes pour la période correspondante de 2012/2013, mais entre-temps, la part de la France dans ces exportations est passée de 48 % à 37 %. Il y a évidemment des facteurs conjoncturels à cette érosion, mais aussi des éléments fondamentaux. L'exemple du marché privé égyptien, qui représente un débouché potentiel de 4 à 5 millions de tonnes, ouvert aujourd'hui prioritairement à l'origine mer Noire, est particulièrement révélateur. « Il faut sortir de cette impasse et être présent sur ce segment », affirme Roland Guragossian, responsable du bureau de France Export Céréales au Caire.
Taux de protéines insuffisants et d'humidité trop élevésLe premier handicap que peut rencontrer le blé français sur ce marché est d'ordre qualitatif avec des taux de protéines insuffisants et d'humidité trop élevés. Nos concurrents sur ce marché, la Russie en particulier, offrent un meilleur rapport qualité/prix sur ces deux aspects. Le blé russe bénéficie en outre d'un coût de fret moins important. Et puis, il y a l'habitude (presque la tradition) chez les meuniers égyptiens de travailler les blés russes, alors qu'ils ne connaissent pas le blé français « en direct ». Au-delà du travail à accomplir pour corriger les défauts qualitatifs, « notre blé, doit être disponible sur place pour enclencher une dynamique », insiste le représentant de France Export Céréales en Égypte ; et de suggérer, par exemple, la location d'un « silo français » in situ. Il faut aussi mener un effort commercial direct auprès de certains importateurs, habituer les nouvelles générations de meuniers égyptiens à l'utilisation de blé français, apporter un accompagnement technique aux meuniers comme aux boulangers locaux, et leur faire connaître les avantages de notre production. Car elle en a beaucoup, à commencer par sa régularité, ce qui n'est pas le propre de l'origine mer Noire, sa qualité boulangère, sa couleur, le professionnalisme de sa filière, sa logistique exceptionnelle. L'effort qualitatif, qui ne s'adresse pas au seul marché égyptien, est d'ores et déjà entrepris par la filière. La dynamique commerciale doit suivre.
Si le blé français essuie des critiques de la part de certains pays importateurs, il n'en compte pas moins de fidèles clients, qu'il convient de soigner. Ce sont, pour la plupart, des pays francophones, dont l'Algérie. Et puis aussi, ceux qui manifestent du palais en faveur de la France, là où le pain « à la française » constitue une tradition. Il en va ainsi du Maroc, et de l'Afrique subsaharienne qui, à la date du 1er mars, se situait en 2e position parmi notre clientèle extra européenne, avec 19 % de nos ventes, derrière l'Algérie, 50 %, et devant le Maroc, 15 %. Le Cameroun est l'exemple type de notre clientèle de l'Afrique de l'Ouest où la qualité du blé relègue le prix au second plan. On y fait du pain remarquable, parfois chez des artisans auprès desquels notre boulanger de quartier prend une dimension industrielle.
(1) L'essentiel des ventes françaises à l'Égypte se fait à travers les appels d'offre du GASC, l'office public d'achats égyptien.