Obésité : Que choisir accuse la pub
Déçue par le contenu du programme national nutrition santé 2 présenté par Xavier Bertrand, UFC-Que choisir s'en prend à la politique publicitaire de l'industrie agroalimentaire, en partie responsable selon elle du développement de l'obésité chez les enfants. « J'aimerais que les pouvoirs publics empêchent l'industrie agroalimentaire de faire son travail de sape», résume son président Alain Bazot. Se basant sur une étude effectuée en avril dernier auprès de 700 enfants et parents Les résultats sont publiés dans le numéro de Que Choisir d'octobre, l'association consumériste affirme qu'il existe un lien de causalité entre la publicité et le comportement alimentaire.
Sur les 217 spots alimentaires ciblant les enfants, relevés pendant 15 jours sur les plus grandes chaînes de télévision à l'heure des émissions enfantines, 89% concernent des produits très sucrés ou gras (produits laitiers très sucrés ou gras, céréales très sucrées, confiseries, restauration rapide, gâteaux, biscuits, boissons ou chips). 60% des enfants regardant la télévision tous les jours en rentrant de l'école, et retenant particulièrement le contenu des films publicitaires, ceci explique pourquoi la même proportion d'enfants réclame entre les repas et au petit-déjeuner des viennoiseries, confiseries, gâteaux gras ou sucrés et céréales très sucrées, selon UFC-Que Choisir.
Or, après enquête, l'association affirme que le contenu des placards et réfrigérateurs des familles est souvent très proche des désirs exprimés par les enfants. Et à en croire Alain Bazot, ce n'est pas de la faute des parents : « je ne peux plus admettre que l'on culpabilise les familles. Dans la lutte contre l'obésité, tout le monde doit ramer dans le même sens. On ne peut plus accepter le discours de l'industrie alimentaire qui se dégage de ses responsabilités en disant “vous n'avez qu'à faire du sport”».
Son combat contre les IAA, UFC-Que Choisir a décidé de le mener au niveau européen. Au sein du bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), l'association a initié une plate-forme qui va se mobiliser auprès des députés européens à l'occasion de l'examen de la directive «télévision sans frontières» en décembre prochain.
D'ici la fin de l'année, UFC-Que Choisir va donc militer auprès du Parlement européen pour l'interdiction des publicités pour les produits riches en matières grasses, sucre ou sel (sur la base des profils nutritionnels développés par l'AESA) lors des programmes pour enfants. Elle demande par ailleurs une définition plus réaliste des programmes pour enfants, sachant que 71% du temps que les enfants passent devant la télévision l'est en dehors du temps destiné aux enfants. « Ces conditions s'avèrent indispensables pour prendre à bras le corps l'explosion du problème de l'obésité en Europe», justifie Alain Bazot qui dénonce l'incapacité du bureau de vérification de la publicité (BVP) à établir des règles suffisamment protectrices pour les enfants.
L'UFC rappelle progression importante de l'obésité en France, avec 12,4% de Français obèses en 2006 et 29,2% en surpoids. Sur ces chiffres, 10 à 12,5% des enfants de 5 à 12 ans sont obèses avec un pic de 19% pour les enfants de 8 ans.