Obésité : les jeux vidéo montrés du doigt
« Il y a un lien», entre obésité et pratique outrancière des jeux video affirme Brian Wrotniak, médecin spécialisé dans la recherche sur l'obésité à l'hôpital pour enfants de Philadelphie. « Ce n'est pas seulement la question d'être sédentaire. C'est aussi que, la plupart du temps, lorsque vous jouez à des jeux video, vous grignotez en même temps. Et ces snacks ne sont en général pas diététiques», ajoute-t-il.
Une étude réalisée en Suisse en 2004 a montré que les enfants adeptes de jeux vidéo étaient en moyenne plus ronds que ceux qui avaient d'autres passe-temps favoris. « A notre connaissance, cette étude est la preuve la plus flagrante, mise en avant par un organisme indépendant, qu'il existe un lien entre le temps passé devant une console de jeu et l'obésité chez les enfants», ajoute Nicolas Stettler, pédiatre diététicien de l'hôpital pour enfants de Philadelphie qui a aidé à conduire cette enquête. « Nos conclusions suggèrent que l'usage des jeux électroniques devrait être limité à lutter contre l'obésité», affirme-t-il.
Limiter l’accès à la télévision
Une autre étude menée à l'université du Texas a conclu que les accros des jeux vidéo étaient même plus touchés par l'obésité que ceux qui passaient leur temps devant la télévision. Pour Elizabeth Vandewater, de l'Université du Texas à Austin, «le temps passé devant une console empiète en fait sur le temps que les enfants sont censés consacrer à des activités physiques». Le lien de cause à effet peut aussi être inversé, soulignent d'autres chercheurs: ce ne sont pas forcément les jeux vidéo qui font grossir les enfants, mais les enfants gros qui préfèrent les jeux vidéo aux activités physiques.
Le ministère américain de la Santé conseille aux parents de limiter l'accès à la télévision, à l'ordinateur ou à la console à deux heures par jour, une recommandation que près de la moitié des petits Américains ne suivent pas, selon les estimations officielles.
Parallèlement, le nombre d'enfants obèses a doublé au cours des 20 ou 30 dernières années. « Le principal coupable est le même que pour les adultes: trop de nourriture et pas assez de mouvements», relève le docteur Carol Torgan dans un rapport de l'Institut national de la santé.
« Les données disponibles à ce jour ne soutiennent pas l'idée qu'éteindre la télévision ou débrancher la console de jeux vidéo permettrait de réduire d'un coup de baguette magique le nombre d'enfants obèses», corrige Mme Vandewater.
Pour le docteur Stettler en revanche, « plus on fournit des activités où on doit seulement rester assis, plus on va devenir gros».
« Ou bien les éditeurs de jeux réalisent qu'ils ont une responsabilité sociale et inventent des jeux plus actifs ou bien ils décident qu'ils ont d'autres priorités», avertit ce pédiatre en signalant le côté positif de certains jeux video qui entraînent à l'activité physique comme le jeu de danse, Dance Dance Révolution.