Nutrition animale : phosphater sans plomber
Indispensables à l'équilibre alimentaire des animaux d'élevage, les pré-mélanges pour les fabricants d'aliments et les aliments minéraux sont soumis à des turbulences sans précédent. Le contexte macro-économique invite l'ensemble des partenaires de la chaîne, des industriels aux éleveurs, à partager les analyses pour mieux comprendre les inévitables hausses de prix, a conclu le président de l'association des fabricants de compléments pour l'alimentation animale (Afca-Cial) vendredi dernier en fin d'assemblée générale à Bourg-en-Bresse. Raymond Perrin, président de l'Afca-Cial, a appelé les fournisseurs de minéraux et de vitamines à « rester raisonnables ». « On n'a jamais géré ce type d'amplitudes ; on est sur des coefficients multiplicateurs », s'est alarmé au nom de tous Christian Bluard, p-dg de Techna.
«Il faut surveiller l'Inde»
La situation du marché des phosphates cause le plus de souci aux fabricants de compléments minéraux. Les phosphates alimentaires ne représentent que 6 % d'un marché très fortement tiré par l'énorme demande mondiale en engrais. La crainte des industriels est de deux ordres : l'instabilité du prix qui a plus que triplé depuis le début de l'année et la tentation des fournisseurs de se tourner vers le marché des engrais. D'après Patrick Losson, directeur chez le chimiste belge Tessenderlo, il faut surveiller l'Inde, qui participe grandement à l'inflation des phosphates avec ses importations subventionnées. Il faut attendre une détente dans quelques années suite aux chantiers d'extraction en cours ou en projet. Ainsi, un « énorme gisement » serait exploité en Arabie Saoudite dès 2011-2012 et l'Algérie investit. Patrick Losson a rassuré l'assistance en soulignant que Tessenderlo ne risquait pas de se détourner de l'alimentation animale, constituant 95 % de son activité. Il a reconnu la possibilité de partenariats avec les clients de la nutrition animales, même si la visibilité du marché s'est réduite à trois mois.
Sur le marché des acides aminés et des vitamines, Gérard Deman, directeur d'Adisseo, a signalé le nouveau risque de « crises rapides et spéculatives » et le raccourcissement des cycles. La priorité d'Adisseo, a-t-il précisé, est de segmenter sa clientèle pour mieux servir des partenaires. Il a souhaité pour l'avenir la marginalisation des acteurs qui spéculent et des opportunistes.
Olivier Reymondon a donné son opinion d'économiste à Rexecode : en l'absence de marché à terme sur les vitamines et minéraux, tout le monde serait gagnant en établissant des partenariats. La demande mondiale agricole est en forte croissance, a-t-il exposé. La hausse des prix est structurelle. Une bonne raison de plus pour ne pas jouer à court terme.