Nouveau repli sur les marchés
La tendance haussière initiée début janvier s’est retournée depuis dix jours, détériorant les prix du soja. Les craintes s’évanouissent progressivement sur l’Amérique du Sud. Tout d’abord, l’Argentine a profité de quelques pluies ces dernières semaines. Avec moins de 20 millimètres en dix jours, cela ne résout évidemment pas le problème de sécheresse du pays, mais signifie que les conditions anticycloniques sont passées. Par ailleurs, de nombreux analystes locaux ou mondiaux publient de nouvelles estimations de production de soja : en réduction en Argentine, mais révisée à la hausse au Brésil. Ce jeu à somme nulle conforte donc les prévisions sur les deux pays majeurs d’Amérique du Sud à des niveaux records, aux alentours de 130 Mt contre 124 Mt au plus élevé il y a deux ans.
Les pluies annoncées pour les jours à venir sur toute l’Amérique du Sud ne devraient pas inverser la tendance en cette période de remplissage.
Premiers volumes brésiliens
On devrait assister aux premiers volumes exportés du Brésil (12 % sont récoltés contre 7 % l’année dernière à la même date), si le maïs, encore très présent dans les volumes chargés le mois dernier, passe le relais. La logistique de cette zone sera d’ailleurs essentielle à suivre, puisqu’on ne pourra bientôt plus compter sur les États-Unis. Le pays a déjà vendu 93 % et exporté 77 % du prévisionnel. Le dernier rapport de l’USDA a révisé en hausse la trituration, dynamique jusqu’à présent, mais n’a logiquement pas touché aux prévisions d’exportation, réduisant le stock de fin de campagne à un niveau rarement atteint.
Signes de consolidation
La demande mondiale de soja ne devrait pas ralentir, bien au contraire : depuis octobre, la Chine a importé 1 Mt de moins que l’année dernière à la même période, alors que les besoins seraient de 5 Mt supérieurs.
Sur ce début de semaine, après avoir accusé une baisse sensible, le marché semble vouloir « consolider », et les cours marquent même une très légère reprise. Deux facteurs viennent étayer la tendance. Le constat tout d’abord que les pluies en Argentine sont pour l’heure un peu faibles et n’éviteront pas les dégâts sur les cultures. Le retour annoncé ensuite de la Chine aux affaires après une semaine marquée par les fêtes du nouvel an chinois qui les avaient conduits à déserter le marché. À comptabiliser également, dans les éléments susceptibles de soutenir le marché à brève échéance, le peu d’empressement selon Agritel des producteurs argentins à commercialiser leurs récoltes dans la crainte d’une éventuelle dévaluation de la monnaie. Puis, enfin, mais ce n’est qu’une rumeur, une menace de grève dans les ports brésiliens.
Sur le plus long terme, il convient également de prendre en compte le retour des pluies sur les grandes plaines américaines.