Nouveau record d’exportations, malgré des hétérogénéités en 2016
Le nouveau record des exportations de vins et spiritueux français en valeur masque des résultats hétérogènes en matière de volumes, de produits et de débouchés.
Les résultats de la filière française des vins et spiritueux à l’exportation en 2016 tranchent avec la morosité ambiante. Les ventes de vins et spiritueux français ont déjà battu le record de 2015, avec 11,8 milliards d’euros (+1,2 %) en valeur et un solde commercial au plus haut avec 10,5 milliards d’euros (+1 %). Des chiffres impressionnants, mais qu’une analyse plus fine oblige à nuancer.
Cette croissance est en effet surtout tirée par quelques fleurons. Si les ventes de spiritueux (3,9 milliards d’euros) ont progressé en valeur en 2016 (+5,2 %), c’est grâce au cognac (+6,5 %) – qui représente à lui seul 70 % du total des exportations de cette catégorie – et dans une moindre mesure à la vodka (+2,7 %). Inversement, si le bilan du chiffre d’affaires des vins est moins favorable (-0,8 %), c’est en raison de la baisse très sensible des ventes de champagnes (-2,5 %), liée à la chute de la monnaie du livre sterling. « Le cognac et le champagne pèsent pour plus de 40 % de la valeur des exportations de vins et spiritueux français », reconnaît Christophe Navarre, le PDG de Moët Hennessy et président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS).
Le record de 2016 occulte également une autre tendance de fond : l’érosion des volumes. L’année dernière, les exportations de vins français ont à nouveau reculé de 1,8 %, conséquence de la succession de plusieurs petites récoltes. Un phénomène que ne va pas arranger la vendange 2016 « l’une des plus modestes depuis trente ans », précise Christophe Navarre. « Il est nécessaire de regagner de la capacité de production, par exemple par le renouvellement du vignoble, de nouvelles plantations ou le recours à l’irrigation », insiste le président de la FEVS.
À moitié vide ou à moitié pleine ?
Les vins français ne pourront pas continuer éternellement à compenser les baisses de disponibilités par des hausses de prix. « En 2016, nous avons réussi à faire admettre des hausses aux États-Unis, au Canada, au Japon ou encore au Royaume-Uni, ce qui a privilégié des achats de couverture », observe Louis-Fabrice Latour, de la maison bourguignonne du même nom. « L’année a été difficile sur les marchés de prix comme l’Allemagne, la Belgique ou le Royaume-Uni, où nous sommes concurrencés en moyenne gamme par d’autres origines », relève Philippe Casteja, PDG du groupe bordelais Borie-Manoux.
Les exportateurs diversifient de plus en plus leurs débouchés, favorisant ceux à plus fort potentiel comme les États-Unis et la Chine (voir graphique). Une stratégie payante en matière de valorisation, mais qui expose les opérateurs aux aléas de la politique internationale. Favorable aux accords commerciaux de libre-échange, la FEVS se veut sereine sur les intentions protectionnistes américaines. « Avec 5 % de l’ensemble de la consommation américaine, les vins français ne représentent pas une menace pour la production américaine. Et l’industrie du vin aux États-Unis ne s’est jamais illustrée par des velléités protectionnistes », assure Christophe Navarre.