Nord : une restructuration à marche forcée
Aucun des trois abattoirs de porcs du Nord-Picardie ne devrait fermer. Du moins, pas dans l’immédiat ! Par contre, tout laisse à penser que les jours des six groupements encore en activité sont comptés. Du moins, sous leur forme actuelle. Hormis la Belgique, ces six groupements livrent Défial à Saint-Pol-sur-Ternoise, les abattoirs du Valois à Compiègne et Arcadie Nord-Est au Nouvion, soit environ 700 000 porcs par an sur une production estimée à 1,1 million d’animaux produits sur la région Nord-Pas-de-Calais Picardie.
La restructuration de la filière se construit actuellement à marche forcée (voir LM du 15 juin). Provoquée initialement par un collectif d’éleveurs emmené par Sylvain Tardieu, vice président de la section porcine du Pas-de-Calais, elle est en train de prendre de vitesse ses promoteurs. Destinée initialement à secouer les principaux responsables de la filière porcine Nord-Picardie, cette restructuration est maintenant exigée par la plus grande partie des éleveurs. Ces derniers veulent en terminer une fois pour toute avec les guerres inter-groupements et l’immobilisme quasi-institutionnel des responsables professionnels porcins. « Les éleveurs veulent maintenant que les choses changent et vite», explique-t-on dans la filière.
Les abattoirs veulent associer les éleveurs
Les éleveurs du collectif, accompagnés des représentants de quatre groupements de producteurs, se sont réunis le 22 juin sous la présidence de Louis Ringô, le président de la coopérative Unéal. Ce dernier est chargé de jeter les bases d’une nouvelle filière porcine régionale. « Il lui faudra privilégier les raisonnements économiques et laisser les guerres de chapelle de côté», explique ce responsable. Cette réorganisation passe notamment par la création d’une plate-forme commerciale commune, phase transitoire probable à une fusion ultérieure des groupements de producteurs. Une fois cette question de l’amont solutionnée, il faudra renforcer l’aval et se déterminer sur la question de la restructuration des trois abattoirs porcins. Réunis tout récemment, ces derniers ont proposé la constitution d’une nouvelle société chargée notamment de cette restructuration et dont le capital pourrait être réparti entre abattoirs et groupements de producteurs. Les trois abattoirs ont ainsi ouvert la porte aux éleveurs pour restructurer l’aval. Ils leur ont offert notamment 55% du capital, via les groupements de producteurs. Une proposition qui a entraîné le refus unanime des représentants de la production opposés à leur implication financière dans une quelconque restructuration des abattoirs.
Reste que cette proposition semble quelque peu étrange dans un environnement où chacun sait bien que l’abattoir le mieux placé dans cette restructuration est assurément celui de Saint-Pol-sur-Ternoise. Défial (groupe Alliance) y a injecté 5,4 millions d’euros en 2002. Il tourne actuellement à un peu plus de la moitié de ses capacités théoriques (10 000 porcs /semaine)
Le schéma du renforcement de cette filière porcine régionale apparaît évident sur le papier : la filière peut s’organiser autour de l’abattoir Défial (ce que certains refusent) et passer par la création d’un seul et unique groupement de producteurs. Les abattoirs sont aujourd’hui pris dans un tourbillon. La responsabilité de Louis Ringô est grande. Il doit faire prendre conscience des enjeux à l’ensemble de la filière et lui proposer les hommes capables d’accompagner cette restructuration.