Net Cacao en appelle à Nicolas Sarkozy
«Monsieur le Président, […] Vous avez, à maintes reprises, lors de votre campagne présidentielle et, depuis le début de votre mandat, rappelé votre soutien à l’industrie manufacturière et aux entrepreneurs. Nous croyons nous aussi à l’avenir industriel de notre site et de notre activité, ceci est primordial pour Marseille et sa région », écrivent Joël Budanic et Serge Borel, respectivement responsable du personnel et responsable maintenance de Net Cacao, dans une lettre ouverte adressée à Nicolas Sarkozy, parue dans Le Monde de ce week-end. Le procédé devient usuel : s’adresser directement au président de la République par voix de presse. Dans le feuilleton judiciaire qui oppose Net Cacao et Nestlé autour de l’usine de Saint-Menet, l’originalité tient dans les fonctions de ceux qui portent la plume.
« On demande un sursis »
Alors que les dirigeants de Net Cacao viennent d’être déboutés de leur demande d’annulation du contrat les liant au géant Suisse, une plainte de Nestlé France pour chantage contre ces mêmes dirigeants court toujours. Avant que Jean Chenal (à la tête de Net Cacao) ne fasse appel, deux anciens négociateurs CGT du CE de St-Menet appellent le gouvernement à jouer les médiateurs entre les deux directions. « C’est une démarche personnelle. Avant d’aller devant les instances juridiques, dialoguons. On veut essayer de faire venir Nestlé à une table de discussion pour renégocier le contrat de sous-traitance », explique Joël Budanic.
Depuis janvier 2008, Net Cacao s’est volontairement placé en clause de sauvegarde sous l’assistance et la surveillance de la justice, alors que sa gestion est encore saine. Une procédure visant à anticiper les difficultés que devrait rencontrer prochainement la société si Nestlé se conforme au plan initial de réduction de ses commandes. « En mars 2009, le contrat de sous-traitance se termine », rappelle Joël Budanic. « On demande un sursis, un business plan. On a perdu un à deux ans dans la recherche de nouveaux clients », ajoute-t-il évoquant la mauvaise volonté de Nestlé à délivrer l’historique de traçabilité, les documents techniques des machines ou encore les remises aux normes sanitaires nécessaires du site. 17 millions d’euros ont été investis en ce sens sur le site de St-Menet qui, selon le responsable du personnel, impressionne les visiteurs par son fort potentiel.
Mais aujourd’hui seul 25 % du CA de Net Cacao est réalisé par des clients extérieurs, et « depuis quelques semaines, Nestlé ne livre plus à Net Cacao les matières premières nécessaires à son activité, recherchant sans doute, en l’asphyxiant financièrement sa disparition pure et simple », dénoncent les deux ex-négociateurs CGT, qui se sont battus durant 21 mois en 2004-2005 pour empêcher la fermeture de l’usine. « Pourtant, nos tablettes de chocolat sont très appréciées et nos coûts de fabrication sont beaucoup moins élevés », assure Joël Budanic. Il espère que Christian Frémont, ex-préfet de la région Paca, désormais directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo, qui connaît bien le dossier, pourra à nouveau inciter les pouvoirs publics à aider les 192 salariés de l’ex-usine Nestlé.