On n’arrêtera pas le rendement
Qui l’eût imaginé il y a encore 10 ans ? Les céréaliers français souhaitent non seulement maintenir leurs récoltes à des niveaux élevés, mais même les augmenter. C’est l’ambition affichée par Orama, l’union des producteurs de grandes cultures, dans un document qu’elle diffuse pour convaincre les décideurs que « l’abondance des récoltes, la préservation de l’environnement et la sécurité des aliments sont des objectifs compatibles ». Souvenez-vous de la réforme de la Pac, en 1992. On parlait alors surtout maîtrise de la production et taux de jachère. Que s’est-il donc passé depuis ? L’horizon s’est tout simplement dégagé et les perspectives, pour l’ensemble des « scopeurs », se sont nettement améliorées. Dans une interview au Monde il y a quelques jours, le chercheur Michel Griffon explique tout haut ce que de plus en plus de scientifiques disent tout bas, à savoir que l’agriculture mondiale aura bien du mal, à l’avenir, à assurer toutes les missions qu’on attend d’elle, à commencer par celle qui consiste à nourrir une population solvable en expansion. Le chercheur assure aussi que la montée des prix, que l’on observe déjà pour le maïs, s’étendra à d’autres cultures. Ce pronostic est confirmé par de multiples indices, comme celui-ci, tout frais : la Chine, déjà dotée de peu de terres arables, a vu ses surfaces agricoles baisser de 0,6% en 2006. Le probable appel d’air qui va en découler confirme qu’il est absurde et dangereux, en matière agricole, de se priver brutalement de son potentiel de production sous prétexte d’un affaiblissement apparent du marché. Mais autant s’y préparer tout de suite : ce retournement de tendance promet d’ores et déjà de belles empoignades pour la prochaine renégociation de la Pac.