Moy Park France se voit parmi les gagnants
Depuis son installation en France en 1991, le groupe nord-irlandais Moy Park, acquis en 1996 par l’Américain OSI Group, a cultivé le secret sur ses fournisseurs et clients. Néanmoins, les dirigeants de Moy Park France SAS ont toujours ouvert leurs portes pour faire reconnaître leur « know-how » dans des produits élaborés à base de volailles. Soupçonnés de s’approvisionner quasi-exclusivement dans les pays tiers, ils avouent 10 % de matière première brésilienne, 20 à 25 % de française, le reste provenant de pays européens comme la Hollande, le Danemark ou encore la Pologne.
« On ne veut pas avoir la casquette de transformateur de produits brésiliens», plaide le directeur général Philippe Chatelier. « En France, seuls deux ou trois abattoirs qui peuvent abattre un million de poulets par semaine sont capables de nous livrer une matière première correspondant à nos cahiers des charges», expliquait ce dernier devant la presse jeudi dernier à Marquise (Pas-de-Calais). S’attendant à quelques restructurations d’importance dans l’industrie française, il avance que sa société pourrait y prendre part. Philippe Chatelier est aussi persuadé qu’il faudra « bâtir des filières européennes très fortes».
Absent voici cinq ans de la GMS, Moy Park SAS a désormais investi les rayons de la grande distribution sous forme de MDD. Puis OSI Group a racheté en 2004 G.W. Padley Poultry, une des principales entreprises avicoles britanniques en mai 2004 ainsi que Dove Valley (600 000 poulets/semaine) et changé de fait le braquet de son développement européen. Moy Park Limited a ainsi doublé son chiffre d’affaires européen qui flirte désormais avec le milliard d’euros .
Le dirigeant français sait que l’industrie des produits élaborés à base de volailles devra s’organiser coûte que coûte en Europe pour affronter la concurrence de la Thaïlande ou du Brésil. Selon lui, la victoire de ces deux pays à l’OMC sur les volailles saumurées va coûter très cher à l’Union européenne et il y a de quoi être anxieux de la phase finale de la négociation de l’OMC qui doit se dérouler en fin d’année à Hong Kong.
Moy Park France SAS possède deux sites industriels : l’un à Hénin-Beaumont (22 400 tonnes de produits panés, marinés et rôtis) et l’autre à Marquise (5 300 t d’ingrédients cuits hautement sécurisés et 2 000 t de petites séries). « Nous possédons plus d’une centaine de référence de filets de poulets souligne Philippe Chatelier qui souligne la forte progression de la découpe en tranchettes».