Moutarde : le prix de la graine leur monte au nez
Les producteurs français de moutarde doivent faire face actuellement à une nouvelle envolée du cours de la graine de moutarde brune cultivée au Canada. Le prix d’achat de la variété brassica juncea est en hausse de 50% depuis 2005 alors que la fabrication française de moutarde dépend à 95 % de cette graine. Les trop faibles précipitations de cet hiver ont réduit les rendements dans les provinces de l’Ouest canadien. La production, qui a chuté de 53% depuis 2004, promet d’être encore limitée cet été pour le premier exportateur mondial de graine de moutarde. Viennent s’ajouter aux conditions climatiques instables, l’appréciation de l’euro face au dollar canadien (de 8% depuis le début d’année) ainsi qu’en conséquence de la hausse du cours du pétrole et des hydrocarbures, l’augmentation du prix des engrais et des fertilisants ainsi que celle du coût du transport pour acheminer les graines en Europe.
Une filière nationale encore marginale
Les moutardiers français vont devoir supporter pour la prochaine campagne une hausse de 31% du prix de leur approvisionnement en graine brune. Ils en importent chaque année 25 000 tonnes, la raréfaction et la hausse du prix de cette matière première leurs posent donc problème.
Ce contexte menace les producteurs de moutarde français car la filière nationale est encore marginale, la culture ne représente en effet que 1 550 hectares en France, comparés aux 170 000 ensemencés au Canada. Une centaine d’exploitants bourguignons ont entrepris depuis une quinzaine d’année de nouvelles recherches variétales et agronomiques afin de relancer la culture du sénevé dans la région. L’obtention probable de l’IGP « Moutarde de Bourgogne » à la fin de cette année, va donner du poids pour relancer les négociations en vue de meilleures aides européennes et passer ainsi la production de graines de 1 600 tonnes à un objectif de 5 000 tonnes. Le développement d’une moutarde labellisée permettra aux industriels de diversifier leurs sources d’approvisionnements, de mieux maîtriser la qualité de la production et de proposer un produit plus haut de gamme.
Cela risque néanmoins d’être insuffisant pour agir sur le marché. « Les graines représentent 40% du coût de nos matières premières. Nous serons donc contraints de répercuter avant la fin de l’année l’envolée des prix dans nos produits finis » a déclaré il y a quelques jours Guy Brabant, président de la Fédération des industries condimentaires.