Midi-Pyrénées : vifs débats sur l’avenir des OGM
Outre la valorisation non alimentaire des productions agricoles, thème principal de l'assemblée générale de la fédération des coopératives de Midi-Pyrénées (FRC2A), les coopératives ont évoqué la production laitière du Sud-Ouest, « équivalente à celle de l'Ille-et-Vilaine », qui est en sous réalisation de 10 % par rapport aux quotas attribués. « Ces 10 % représentent 160 Ml, soit de quoi faire tourner une usine, souligne Claude Laborde, président de la FRC2A. Vu le prix actuel du lait, les autres régions auront vite fait de récupérer nos quotas si nous ne les produisons pas. »Souci qui risque de s'accroître dans les cinq ans à venir, car de nombreuses cessations d'activité pour départ en retraite devraient libérer des volumes conséquents. Mais l'une des difficultés du bassin a toujours été le cloisonnement des références laitières par département, quitte à ne pas les distribuer.
« Nous devons aller vers une régionalisation des références, afin de mobiliser les quotas dans les zones qui les produisent, a poursuivi Claude Laborde. Aujourd'hui la réglementation nous le permet, mais les agréments se font dans chaque CDOA et chacun veut garder ses droits à produire. L'interprofession portera le dossier à l’Office de l’élevage, pour essayer de faire sauter les verrous des départements ».
71% des cultures déclarées en France
Autre sujet d'actualité : le maïs OGM, particulièrement présent en Midi-Pyrénées, où se trouvent 71 % des cultures déclarées en France (14 122 ha). « Je tiens à condamner fortement toute les destructions de cultures qui ont eu lieu pendant l'été dans notre région, a poursuivi Claude Laborde. Les coopératives ne peuvent de toute façon pas aller contre les décisions de leurs adhérents de cultiver des OGM. Nous en avons assez qu'un petit groupe de personnes continue à nous polluer (NDLR : les faucheurs volontaires) quand on sait qu'aujourd'hui on ne pourra rien faire sans le développement des OGM. »
Une position soutenue par Philippe Chalmin, membre du conseil d'analyse économique auprès du Premier ministre François Fillon, qui qualifie de « scélérate » l’annonce par Jean-Louis Borloo de son souhait de suspendre les cultures d'OGM On sait que le ministre de l’Ecologie est revenu depuis sur les propos qui lui ont été prêtés et a indiqué que Nicolas Sarkozy trancherait sur le sort des cultures OGM aujourd’hui autorisées., dans un monde où « il va falloir multiplier par deux la production agricole de la planète pour satisfaire les besoins alimentaires ». Ainsi que par Jean-Claude Sabin, ex-président de la FOP, pour qui le « tout OGM » semble un choix d'avenir évident. « On en mange depuis des années et personne n'a jamais été malade », argumente-t-il. Pas de place au doute, donc. Et le consommateur ? « Madame Michu, si on lui dit qu'il faut manger des OGM parce que c'est bon pour l'environnement, elle fera ce qu'on lui dira de faire », avance un intervenant, sûr de lui (trop ?).
Pourtant, certaines coopératives de Midi-Pyrénées -même céréalières- sont ouvertement engagées dans des voies non OGM et de production biologique. Et que dire de celles qui vivent de productions sous SIQO ? « Dans les réunions de section, tous les adhérents ne sont pas prêts à passer aux OGM, loin de là », a fait ainsi remarquer François Toulis, président de Synergie Bétail et Viande. Affaire à suivre...