Michel Barnier croit au regain protéagineux
Le redressement de la production de pois, de féverole et de lupin, plantes riches en protéines, représente « un enjeu important » pour Michel Barnier. Le ministre de l’Agriculture l’a exprimé à Michel Cuypers, président de l’Unip (union nationale interprofessionnelle des plantes riches en protéines), qui l’a interrogé fin décembre. Venant de boucler le bilan de santé de la PAC avec ses homologues européens, Michel Barnier pense que la France peut mettre à profit des dispositions obtenues à l’échelon européen pour soutenir économiquement et institutionnellement ces cultures. Ainsi en est-il de leur aide spécifique de 55,57 euros par hectare, dont le découplage est repoussé de 2010 (échéance que proposait la Commission) à 2012. Au-delà, la France pourra réorganiser en partie les aides de la PAC pour renforcer le soutien spécifique à certaines productions comme les protéagineux. Cela dépendra des modalités de mise en œuvre du bilan de santé que le ministre souhaite faire connaître pour la fin janvier.
Vertus agronomiques
Mais Michel Barnier croit aussi aux vertus agronomiques de ces plantes : elles améliorent la qualité du sol et le rendement de la céréale cultivée à la suite, tout en limitant le besoin d’engrais azoté. La culture de protéagineux « s'inscrit pleinement dans la logique d'une agriculture à haute performance environnementale, qui doit devenir la signature de l'agriculture européenne », souligne-t-il. Ces vertus agronomiques se traduisent en revenu : « Toutes les analyses montrent que la présence de protéagineux dans une rotation est économiquement profitable », rappelle le ministre, prêt à croire à une « remontée significative des surfaces au cours des prochaines années ». La diversification des cultures est pour l’agriculteur « un moyen d'assurer un revenu stable indépendamment des aléas conjoncturels ». Ces arguments ne suffisant pas, le ministère entend poursuivre le soutien à la recherche et au développement technique de la filière, grâce à un nouveau plan de développement pour les cinq prochaines années.
Les graines riches en protéines sont utiles à l’alimentation animale. Riches en lysine, un acide aminé essentiel, les protéines du pois et de féveroles sont complémentaires de celles des céréales et des tourteaux de colza, a-t-il été rappelé lors de la dernière « Journée nationale protéagineux » en avril dernier à Chartres.
Le problème est d’assurer un approvisionnement régulier et en quantité suffisante pour retenir les utilisateurs. « S’il y a des collecteurs qui ont baissé les bras (…), d’autres ont expérimenté avec succès une politique de segmentation de l’offre en fonction des débouchés », dit un compte-rendu « enjeu interprofessionnel » de cette Journée. Même si l’exportation sur pays tiers à des fins d’alimentation humaine est lucrative certaines années, elle ne suffit pas pour maintenir une filière, fait valoir l’Unip. Sans trop de succès jusqu’à présent.