Mer : l’Irlande joue sur les niches
Pour se faire entendre vis-à-vis de concurrents agressifs (que ce soit la Norvège avec le saumon ou l’Espagne avec les moules), la filière aquacole irlandaise développe depuis plusieurs années des cahiers des charges qualitatifs, et réfléchit à la mise en place d’un éco-label basé sur le développement durable. La première pierre de cette différentiation a été posée au début des années 2000, avec le lancement du programme qualité QSP (Quality Seafood product), devenu récemment une marque-ombrelle pour les moules, saumons, et truites, visible du consommateur.
« Nous savons qu’à l’avenir, un grand nombre de produits irlandais n’atteindra pas les conditions nécessaires à l’obtention du QSP. Mais cela ne nous dérange pas, car seuls les meilleurs l’auront» a récemment expliqué Donal Maguire, directeur aquacole du Bureau Irlandais de la Mer. Avec un littoral de 7 500 km et 4 millions d’habitants seulement, la république d’Irlande ne manque pas de produits de la mer et elle en exporte la majorité, notamment vers la France. L’hexagone est d’ailleurs la destination de la moitié des exportations irlandaises de moules, un secteur en croissance ces dernières années, avec une production avoisinant les 40 000 t en 2005 (3/4 de moules de fond, le quart restant de moules de cordes). Plutôt réservées aux circuits de la restauration, ces moules se retrouvent également dans les plats cuisinés, en recettes congelées ou fraîches sous vide.
Garrat Sullivan, de l’entreprise Fastnet Mussels indique être en pourparlers avec une enseigne pour la fabrication de MDD, ainsi qu’avec une filiale du groupe Bonduelle pour la réalisation de plats traiteur. Pour appuyer les démarches de qualité et proposer des produits irréprochables, 50 M Eur ont été injectés par le gouvernement dans le regroupement sur un même site de plusieurs services du Marine Institute, qui contrôle (entre autres) les aspects sanitaires des produits aquatiques.
Le travail ne devrait pas manquer à l’avenir, avec un redémarrage attendu de la production de saumon, affecté ses deux dernières années par une chute des prix. Sur l’ensemble de la production, 30 % des volumes sont labellisés Bio, et 20 % seront catalogués en tant que label rouge (une certification attendue pour le début de l’année 2007). Avec la moitié du volume total sous signes de qualité, la valorisation est en bonne voie. « Mais ne nous leurrons pas. Les démarches qualité prennent du temps» conclut M. Maguire.