Menace de hausse sur les minéraux bovins
L’acide phosphorique pourrait connaître dans les prochaines semaines une très forte hausse, autour de 100 euros la tonne. Cette matière première majeure de la production d’engrais (83 % des utilisations), entre aussi dans la composition des phosphates destinés à la nutrition animale (7 %). Ouverte depuis quelques semaines, la principale négociation de l’année au niveau international est conduite par le gouvernement indien et les producteurs indiens d’engrais, pour lesquels les quantités en jeu font craindre une hausse importante de la matière.
Pour assurer leur production agricole et sécuriser leurs approvisionnements, les Indiens seraient en effet prêts à accepter une hausse assez conséquente. Les vendeurs auraient en effet tous largement survendu leurs productions, or aucune nouvelle capacité de production n’est annoncée chez les principaux producteurs d’acide que sont le Maroc, la Tunisie, la Finlande, la Russie et l’Afrique du Sud. La nutrition animale ne représentant qu’une part minime de la consommation mondiale, elle subira de plein fouet toute hausse acceptée par le monde des engrais. La répercussion en serait majeure sur la production de phosphates, une tonne de phosphate monocalcique nécessitant environ 50 % d’acide phosphorique, l’augmentation pourrait s’étager entre 30 et 40 euros la tonne soit 10 % du prix actuel.
Après une période de prix bas liée notamment à la réduction des intrants agricoles dans les pays développés dans les années 2000 à 2003, les prix de l’acide phosphorique ont connu une forte hausse dès le début de 2004 sous les effets conjugués du développement agricole dans les pays en voie de développement et le développement des cultures pour les biocarburants (notamment le colza) avec des pointes à 400 euros/tonne puis une certaine stabilité en 2006.
Une hausse avant l’été ?
Attendue depuis le 1er avril par les fabricants de minéraux pour la nutrition animale (principalement destinés aux bovins), dont le phosphore représente environ 50 % des coûts, cette hausse pourrait survenir avant l’été. Elle aura du mal à être répercutée chez les éleveurs, même si la trésorerie des élevages laitiers est un peu moins mauvaise cette année. Ainsi, l’Afca-Cial (association des fabricants de compléments pour l’alimentation animale) lance un cri d’alarme (LM d’hier). Le syndicat souligne qu’outre cette augmentation du prix des phosphates, toutes ses matières premières connaissent la hausse : carbonate de calcium, magnésies, sel, oligo-éléments (directement liés aux marchés internationaux des métaux), mais aussi sacs papier (+5%), seaux en plastique (+6%) et palettes en bois (+15%) sans oublier les coûts de transport et les charges.