Même à Genève, ça sent le pétrole
Eva Joly, la juge d’instruction de l’affaire Elf, que menaces et pressions à Paris ont convaincu de regagner Oslo et sa Norvège natale pour poursuivre son combat contre la corruption, nous en apprend de belles… Elle explique en clair que sur les 20 milliards de dollars alloués au programme « pétrole contre nourriture » de l’ONU en faveur de l’Irak de Saddam Hussein, plus de 10 milliards se seraient purement et simplement évaporés. Pas pour tout le monde, bien sûr, et l’ex-dictateur de Bagdad est montré du doigt. Mais ce n’est pas cela le plus étonnant. En effet cet argent existe toujours, dans des comptes en Suisse. Et quand on s’intéresse de près auxdits comptes, comme le fait Eva Joly, on constate que le cabinet d’avocat qui les gère a encore procédé à certaines opérations en février 2004, donc bien après l’offensive américaine. Quant à ces sommes gigantesques, elles supposent qu’on ait détourné des millions et des millions de barils de pétrole. Qui ont été transportés, raffinés, écoulés, payés par des sociétés tout à fait officielles, ayant toutes les apparences de la respectabilité. Dans la série « On est content de savoir où va notre argent », c’était la séquence « Pourquoi foncer en armes jusqu’à Bagdad, alors qu’il suffisait d’aller en costume-cravate sur les bords du lac Léman ? »