McDo voudrait contractualiser plus avec les éleveurs bovins
McDonald’s a officialisé mardi une nouvelle réservation de bovins auprès d’Agrial. L’accord porte sur la fourniture par la coopérative normande de750 JB en 2008. Au dernier Salon de l’Agriculture, un premier protocole avait été signé pour 500 bêtes. Les volumes ont donc du mal à décoller. Un partenariat similaire lie McDo à la coopérative lorraine CAPV. Mais, le distributeur Metro s’en est vite dégagé. Cela illustre les difficultés de la chaîne de fast-food à établir des contrats d’approvisionnement au sein de la filière bovine.
Agrial s’engage à livrer des jeunes bovins au fabricant de steak haché McKey, filiale de McDonald’s. Les animaux sont obligatoirement issus d’élevages qualifiés. De race laitière, ils doivent peser entre 310 et 330 kg de carcasse et être âgés de 16 à 18 mois, pour obtenir une note d’engraissement de 3. L’industriel se sert d’environ 60 kg de viande désossée par bête, correspondant aux morceaux avant (collier, poitrine, épaule, capa). Un autre partenaire est donc nécessaire pour écouler les quartiers arrière. « Socopa se charge de valoriser les pièces nobles », explique Jacques Chatelier, directeur d’achat en vif de l’entreprise d’abattage et de transformation, dont Agrial est le principal actionnaire. « On réalise ainsi l’équilibre matière.»
McDo souligne l’importance de la production française dans son approvisionnement. 78 % des achats alimentaires de l’enseigne sont réalisés dans l’Hexagone. En 2005, le groupe a utilisé 36 000 tonnes de bœuf (dont 57 % français), 177 600 tonnes de pommes de terre (80 %), 22 400 tonnes de blé (88 %), 3 200 tonnes de porc (98 %), 10 500 tonnes de poulet (46 %). Cinq fournisseurs représentent 80 à 90 % des achats : EB Boulangerie Française pour les petits pains, McKey pour les steaks hachés, Cargill pour le poulet, McCain pour les frites, Crudi pour les salades. « McDonald’s veut construire sur le long terme, souligne Willy Brette, directeur des achats. Passer d’un fournisseur à un autre n’est pas dans nos habitudes. »
Sortir d’un marché de cueillette
La part de viande bovine nationale est en nette baisse dans les achats du groupe. Elle est passée de 100 % en 2002 à 57 % en 2005. « On essaie au maximum de s’approvisionner en France, insiste Catherine Choquet, manager filières et risques. Mais nos besoins sont en hausse, alors que les disponibilités baissent. Il faut donc se tourner vers d’autres pays possédant le même cahier des charges. » L’Irlande et les Pays-Bas complètent l’approvisionnement. En poulet, les limites sont aussi sanitaires. McDo répartit les risques en achetant en France, aux Pays-Bas et en Angleterre. « Le marché de cueillette, tel qu’il existe en bovin, ne nous convient pas, déclare Willy Brette. On veut davantage contractualiser. L’accord avec Agrial vise à changer les mentalités. Il concerne de faibles volumes et ce n’est pas ça qui bouleversera les pratiques de la filière. Mais, petit à petit, la contractualisation peut se développer. » McKey verrait aussi d’un bon œil une meilleure organisation de la filière. « Nous travaillons sur un marché libre, regrette le directeur général adjoint Arnaud Rochard. Il est donc difficile de planifier des sorties de bovins, d’anticiper la quantité et la qualité à venir. »
Le fabricant constitue un gros opérateur. Plus d’un steak haché surgelé sur quatre produit en France sort de ses usines. La production de McKey a atteint l’an dernier 38 000 tonnes, dont 95 % destinés à McDo et 5 % à l’export.
Les perspectives de développement affichées par le géant américain sont alléchantes. 30 à 40 nouveaux restaurants ouvrent chaque année. « Le marché est en forte croissance, signale Willy Brette. Nos sandwichs de 280 g font un tabac.»