McCain réorganise ses activités en Europe
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> Salle de séchage de l'usine Lutosa de Leuze-en-Hainaut (Belgique).
En 2016, l'usine Lutosa de Leuze-en-Hainaut (Belgique) deviendra la plus grande usine au monde de McCain », vient de confier Jean Bernou aux Marchés Hebdo en marge de la dernière assemblée du Gappi tenue le 6 février dernier (voir encadré). Le CEO de McCain Europe continentale veut y créer le centre mondial des spécialités à base de pommes de terre du groupe.
Il cherche également à y implanter son futur centre de recherche. « Sa localisation n'est toutefois pas encore définie. Je suis en négociation avec les autorités belges », précisait-il. D'ici 12 à 18 mois, il devrait abriter un centre de formation et de recherches, cuisines et réception clients.
Racheté en mai 2013 au groupe belge Pinguin Lutosa (aujourd'hui Greenyard Foods), le site de Leuze devrait donc devenir le véritable porte-drapeau d'une Europe « façon McCain » – il comprend depuis le 1er janvier 2015 le Moyen-Orient et l'Afrique (à l'exception de l'Afrique du Sud).
Le groupe canadien a beaucoup investi sur ce site situé à une quarantaine de kilomètres à l'est de Lille. Avec ses trois lignes de production de frites et ses chaînes de production de spécialités (sautées rustiques, Krisspy frites, röstis au four, Pom'tapas nature, la gamme Bio Organic…), Leuze fabrique 280 000 tonnes de produits finis par an et emploie 530 personnes. À titre de comparaison, l'usine d'Harnes peut produire jusqu'à 210 000 t/an de frites (600 t/jour) avec une période d'arrêt de 15 jours par an.
Quant au deuxième site belge de McCain, également racheté à Pinguin Lutosa et situé à Waregem (15 kilomètres au nord-est de Courtrai), il produit essentiellement des frites fraîches surgelées (110 000 tonnes par an) et emploie quelque 170 salariés.
20 M€ investis à HarnesEn revanche, McCain devrait fermer l'usine belge de Grobbendonk, située près d'Anvers. « Trop enclavée dans la ville, elle n'offre aucune possibilité d'extension. De plus, les contraintes environnementales sont devenues de plus en plus importantes », précisait Jean Bernou. McCain est actuellement engagé dans la phase d'information et de consultation des organisations de personnel (123 salariés). Au terme du processus légal, l'usine pourrait être fermée et les productions rapatriées à Leuze.
Chaque année, le Gappi (groupement d'agriculteurs producteurs de pommes de terre pour l'industrie) rend compte de l'aboutissement des négociations des futurs contrats entre McCain et les 900 producteurs français du groupement (11 289 ha contractualisés). Entamées le 22 décembre 2014 et closes le 16 janvier 2015, celles-ci ont acté un réel désaccord sur les prix qui baissent de 9,3 à 13,2 % pour la campagne 2015-16, mais comportent des avancées. Le Gappi a obtenu une meilleure rémunération du risque stockage, une plus grande valorisation du potentiel variétal et une meilleure régulation de l'offre et de la demande à la récolte. L'industriel a réaffirmé sa volonté de développer encore plus les contrats pluriannuels (notamment avec les variétés McDonald's).
Cette montée en puissance européenne du groupe ne concerne pas uniquement la Belgique. Le groupe canadien prévoit en effet d'investir massivement dans son usine historique d'Harnes (62). « Dès juillet prochain, nous prévoyons de remplacer notre ligne de production de frites », expliquait Jean Bernou. Un investissement d'au moins 20 millions d'euros sans compter la remise en route du poste de méthanisation (voir LMH no 251).
Le groupe canadien renforce ainsi son potentiel industriel en Europe. D'autre part, McCain développe ses positions commerciales au Moyen-Orient, où il distribue près de 220 000 t/an en Arabie saoudite et 70 000 t/an aux Émirats arabes unis.
Pour l'instant, seuls les cinq sites britanniques échappent toujours à la stratégie européenne du patron de « McCain Europe Afrique Moyent-Orient ».