Mc Do s’inquiète de son approvisionnement
Mc Donald’s vient de signer un contrat d’approvisionnement en jeunes bovins avec la coopérative normande Agrial portant sur la fourniture annuelle de 40 000 bêtes, soit 10 % environ de l’approvisionnement en viande bovine française des 1 052 restaurants Mc Donald’s implantés en France. La filiale française du groupe basé à Chicago est actuellement en pourparlers avec Terrena pour ce même type de contrat. Mc Donald’s avait débuté voici cinq ans une expérience pilote avec la CAPV, coopérative implantée en Lorraine qui fournissait à McDo une quinzaine de bêtes par semaine.
Cela n’empêche pas Mc Donald’s de s’inquiéter du déficit croissant en viande bovine que l’Union Européenne commence à affronter. Eric Gravier, vice président de Mc Donald’s France lors de l’assemblée plénière d’Unéal le 9 dernier à Vimy (62) a interpellé les coopérateurs sur ce point. Sur 33 000 tonnes de viande de bœuf utilisées par Mc Do en France, 26 500 tonnes sont issues du cheptel national, le reste est notamment importé de Hollande et d’Irlande. Mais depuis cinq ans, Mc Do ne trouve plus le minerai dont il a besoin pour satisfaire ses consommateurs sur le sol français. « Hier, nous devions faire face à un déséquilibre avants-arrières et nous ne savions que faire de nos avants ! Cette année, la hausse de la production de steaks hachés a progressé de 15 % tandis que les pièces à griller diminuaient de 5%... : un jour on abattra des animaux uniquement pour les avants ! », a prédit Eric Gravier.
Comme la filière, Mc Do s’inquiète des conséquences de l’application de la réforme de la PAC. « Déjà déficitaire actuellement, l’Europe le sera encore durablement dans le futur», a-t-il déclaré. Néanmoins, le vice président de Mc Do France ne croit pas à la pérennité des apports des pays du Mercosur. Le Brésil et l’Argentine commencent à s’ouvrir durablement des « boulevards commerciaux » avec la Chine. Ces relations commerciales ne feront que croître dans le futur et selon lui marginaliseront les importations des viandes argentines et brésiliennes en Europe. Par contre, le danger pourrait provenir de pays beaucoup plus proches de nous, comme la Hongrie ou l’Ukraine !
Des Disneyland de l’agriculture
« Soyons donc très vigilants à ne pas créer des Disneyland de l’agriculture, avec des fermes où paissent quelques salers ou autres races locales. Car à force de diminuer la production, on fermera inéluctablement des abattoirs et on tarira de façon irrémédiable, la pompe de notre élevage français», prévient Eric Gravier qui s’interroge sur l’opportunité pour les producteurs de se mettre à produire de façon spécialisée des jeunes bovins de 18 à 20 mois. Car la priorité actuelle de Mc Do, c’est bien de trouver de nouveaux partenariats sur le sol français pour la fourniture d’avants. « Les quartiers avant , on les cherche et on les paye !», concluait Eric Gravier avant de conclure : « si Mc Do doit acheter des bêtes entières parce que l’abattoir ne sait pas commercialiser les arrières…nous irons jusqu’à l’achat des carcasses entières !»