Mc Cain : les producteurs en quête de confiance
Deux mois après son élection à la présidence du Gappi (Groupement d’Agriculteurs Producteurs de Pommes de Terre pour l’Industrie Mc Cain), Eric Delacour s’attaque à un premier chantier : restaurer la confiance entre le millier de producteurs livrant aux quatre usines françaises Mc Cain et Jean Bernou, président de Mc Cain Europe Continentale.
Les deux hommes se sont déjà rencontrés une première fois à l’issue de l’élection du nouveau président. Mais le 28 avril prochain, le président accompagné de son bureau abordera les gros dossiers susceptibles d’aplanir les tensions existantes. Le Gappi fera des propositions concrètes. « Nous voulons donner à Mc Cain la possibilité de retrouver la compétitivité des produits français », explique Eric Delacour avant de poursuivre : « il est certainement beaucoup plus logique d’approvisionner les quatre usines françaises avec des tubercules français plutôt que de laisser les usines belges et hollandaises venir s’approvisionner en France !». Ces courants existent et se renforcent à tel point que l’on attend avec impatience (pour la fin mai ?) la remise du rapport de M. Danel, chargé par le Ministre d’une mission d’études sur la compétitivité de l’industrie française de transformation.
Chez Mc Cain, l’enjeu est d’importance puisque les producteurs du Gappi fournissent les deux tiers des 900 000 t dont l’industriel a besoin. « Aujourd’hui, il n’y a plus aucun intérêt pour un producteur au top de la technique de livrer ses pommes de terre chez Mc Cain. Ceux situés près de la frontière belge cèdent de plus en plus aux charmes des sirènes belges ou hollandaises», prévient-on au Gappi. Les contrats Mc Cain deviennent de moins en moins rémunérateurs... alors que l’évolution des process de fabrication de la frite permet de baisser de quelques points les exigences de qualité. L’œil électronique qui détecte points noirs et tâches vertes sur les frites a d’ailleurs permis de diminuer de façon considérable les achats de matières premières !
Vers un contrat garantissant le revenu
« Il faut que nous réfléchissions à un futur contrat qui permette notamment aux producteurs de se garantir une recette/hectare non soumise aux aléas climatiques ou génétiques des variétés spécifiques préconisées par l’industriel », explique le président.
Autres volets et non des moindres : l’irrigation et le transport. Sur le premier point, le Gappi doit veiller à ce que les réglementations sur l’eau des différentes régions ne soient pas source de distorsions. Sur le transport, « si les camions français pouvaient transporter 50 tonnes de marchandises comme leurs homologues néerlandais, l’industriel pourrait retrouver de la compétitivité ! », précise Arnauld Delacour. Il veut aussi aller très vite sur l’échange de données informatiques via Internet pour plus de réactivité entre l’industriel, le Gappi et les producteurs.
Il y a enfin tout le volet R&D, avec notamment la mise en place d’un référentiel des différentes variétés mis en place par les producteurs. « Cela nous permettra de comparer nos données avec celles de l’industriel», explique-t-on au Gappi.