Maïs transformé : les Français à l'épreuve
Signe des temps pour l'industrie française du maïs transformé : Champagne Maïs vient d'acquérir le « maïsier » polonais Newcorn (LM du11 juillet). Les industriels du maïs, qui intervenaient hier sur des marchés de « commodités », répondent aujourd'hui aux fortes exigences techniques de la fabrication de biscuits apéritifs, de céréales pour le petit-déjeuner ou d'aliments pour bébés. L'entrée en vigueur de la législation européenne sur les contaminants (mycotoxines) y contribue. Plus globalement, l'industrie alimentaire demande de plus en plus d'ingrédients naturels (en remplacement par exemple des amidons modifiés). Ce nouveau créneau est gourmand en R&D. Même l'industrie brassicole, jusqu'alors consommatrice de « gritz » (grosses fractions de maïs) peu différenciés, renforce ses exigences. Limagrain Céréales Ingrédients (LCI) a été le premier à se lancer dans la quête de valeur ajoutée en acquérant en 2004 Westhove, ancienne filiale de Champagne céréales. Le leader Costimex (filiale de Soufflet) reste quant à lui très dépendant du marché brassicole et souffre de la disparition des subventions à l'export sur pays tiers.
La mutation du marché gagne maintenant les nouveaux pays membres. « Nous observons aujourd'hui à la fois une concentration de nos principaux clients mais aussi un déploiement rapide de leurs activités sur les marchés d'Europe Centrale et d'Europe de l'Est », constate Xavier Danet, directeur général de Champagne Maïs. Ainsi, la filiale du groupe coopératif Champagne Céréales s'installe à proximité des utilisateurs de l'Est et sera « rapidement en mesure »de leur proposer « une gamme étendue de produits répondant aux exigences les plus fortes en termes de sécurité alimentaire et de qualité nutritionnelle ».
Les trois principaux intervenants français (dans l'ordre en termes de volume Costimex, Champagne Maïs et LCI) sont implantés au cœur des bassins de production de maïs non-OGM. Ce n'est pas le cas de leurs concurrents espagnols ou britanniques qui transforment du maïs sud-américain. La forte augmentation du maïs français de ces derniers mois les a mis à l'épreuve.
LCI à l’affût d’acquisitions
Un « test », selon David Pearson, directeur du marketing de LCI, « qui réussit » puisque les clients sont restés. LCI se définit comme « cereal-expert » maîtrisant l'intégralité de la chaîne de production, depuis la sélection des variétés de maïs les plus adaptées. Les ingrédients céréaliers réagissent peu à la conjoncture du marché, précise-t-il, blé et maïs étant peu interchangeables.Les trois leaders réalisent à l'étranger 70 % de leurs ventes : Costimex, avec une moitié des exportations hors UE ; Champagne Maïs, plus installé sur les marchés européens de proximité et LCI, le mieux implanté en Amérique du Nord grâce à sa collaboration depuis trois ans avec National Starch. LCI est à l'affût d'acquisitions. Ce n'est pas pour l'instant la préoccupation de Costimex, empêtré dans la rénovation de ses équipements industriels, qui mise plutôt sur son atout logistique.