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Machines à classer : la bataille fait toujours rage

L'installation des machines à classer avance à petits pas. Dans un climat de vive concurrence entre trois opérateurs et sur un marché estimé à une grosse centaine d’unités.

SFK commence à trouver le temps long. L'implantation en France de sa machine à classer les gros bovins lui donne bien du fil à retordre. Lundi, l'entreprise danoise a reçu un courrier du ministère français de l'Agriculture lui annonçant la réussite au test d'homologation. Une bonne nouvelle, même s'il a fallu huit mois pour obtenir le sésame, sous la bénédiction de Bruxelles. Sauf que la Commission européenne a formulé des observations. Résultat, des « essais d'amélioration » sont exigés par le ministère. La pilule est amère pour le distributeur français de la marque. « On nous fait obstacle, car de gros intérêts économiques sont en jeu», estime Patrice Goupil, chef de produits chez Industrade.

Le marché de la machine à classer reste très bataillé entre les trois opérateurs présents. Le Français Normaclass dispose de plusieurs longueurs d'avance, avec 26 unités installées. Suit le Danois SFK, qui en totalise 9, avec une implantation dans les 7 abattoirs de Bigard. Puis, l'Allemand E + V, à 4 unités. Tout ce beau monde joue des coudes pour avoir sa part de gâteau. Le potentiel est estimé à une bonne centaine de machines à installer en France.

Cette concurrence s'exerce-t-elle de manière loyale ? Henrik Almind, directeur commercial de SFK, en doute. L'obligation d'effectuer de nouveaux essais peut en effet surprendre. La machine danoise a passé son test d'homologation du 24 au 28 janvier 2005 à l'abattoir de Cuiseaux (Saône-et-Loire). Un passage réussi, puisque le feu vert de Bruxelles a suivi. Mais, il revient à « l'État membre d'accorder l'homologation applicable sur son territoire», rappelle le ministère. L'Ofival souligne l'insuffisante « robustesse » du modèle utilisé par la machine danoise. Concrètement, le classement de certaines carcasses exceptionnelles, comme celles de conformation E ou U +, n'est pas très pertinent. Il est vrai que l'étalonnage a été effectué à partir d'un cheptel danois bien différent du français. Autre grief, SFK a mené son pré-test sans la supervision du coordinateur national André Lebert, de l'Inra.

« C'est à l'abattoir de choisir »

Patrice Goupil, lui, ne voit qu'une chose : « La priorité est donnée à Normaclass. Il a tellement fallu d'argent pour concevoir leur machine. C'est devenu vital de la caser dans un maximum d'abattoirs ». Dans la sphère de la société, on réfute toute idée de favoritisme. « Sur les 26 machines françaises, 9 ne sont pas encore agréées sur site », signale Jean-Louis Bignon, directeur d'Interbev. Car, une fois l'homologation obtenue, reste à décrocher une autorisation de fonctionner en automatique sur le site d'implantation. Celle-ci est délivrée par l'Ofival, après vérification des conditions de fonctionnement et d'installation de la machine, ainsi que des conditions de présentation des carcasses à la pesée et des enregistrements mis en place par l'abattoir (listing mouchard, rapport journalier, étiquette). « L'objectif est que toutes les machines françaises et danoises soient agréées sur site avant la fin de l'année», annonce-t-il. Côté allemand, le test d'homologation est prévu fin novembre. L'agrément sur site n'est pas envisagé avant la fin du second semestre 2006.

« Il y a de la place pour les trois fabricants, déclare Patrice Goupil. Notre ambition est de vendre une trentaine de machines sur un potentiel de 120 à installer en France. » La partie n'est pas gagnée, quand on se souvient des pressions exercées par les éleveurs pour imposer le modèle Normaclass. Même si, à l'interprofession, on considère que c'est de l'histoire ancienne. « Il y a un an et demi, de grosses discussions ont eu lieu, reconnaît Jean-Louis Bignon. Mais, en général, l'abattoir a fini par choisir sa machine. Les comités régionaux d'Interbev ont leur mot à dire et des représentants d'éleveurs voulaient la française. Aujourd'hui, la position interprofessionnelle est que c'est à l'abattoir de choisir».

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