L’UMP se lance dans le débat agricole
L’agriculture est décidément entrée de plain-pied dans les débats préparatifs à l’élection présidentielle de mai 2007. L’intervention de Nicolas Sarkozy en clôture de la convention de l'UMP sur le monde rural, mercredi, constituait en effet la troisième intervention du président du mouvement et probable candidat au scrutin en moins de trois semaines. Son intervention a constitué le point culminant d’une journée de débats et de tables rondes regroupant de nombreux représentants agricoles et politiques.
Nicolas Sarkozy a profité de cette tribune pour préciser ses positions sur la PAC et l'aménagement du territoire en exprimant son souhait de voir la PAC actuelle maintenue jusqu'en 2013. « Cela ne nous dispense aucunement, bien au contraire, ni de répondre au malaise agricole, ni de préparer les échéances futures. 2007-2012, ce n'est pas une période d'attente », en un clin d'œil appuyé à la durée du mandat brigué par le président de l'UMP. Le discours avait pour but de rassembler le monde agricole derrière la bannière UMP , dont l’électorat agricole est présumé proche.
Poursuivre dans la voie des biocarburants
Nicolas Sarkozy a admis que « le découplage avait du mal à passer. Car l'identité d'un agriculteur, c'est d'être rémunéré pour son travail. Pour autant, cela ne signifie pas que les aides vont disparaître. Elles sont nécessaires. Mais cela veut dire qu'à l'occasion du découplage, il faut tout faire pour orienter davantage la production vers la demande et augmenter la part des prix dans les revenus des agriculteurs, au lieu de fonctionnariser l'agriculture ». Une allusion ponctuée d’applaudissements, moins fournis cependant que lorsque le président de l’UMP a attaqué les régimes spéciaux dont ne bénéficient pas les agriculteurs, malgré leur métier « si rude».
Pour conforter l'agriculture en France, le candidat non encore déclaré à la présidentielle a cité l'exploitation de la biomasse, la chimie verte et les biocarburants, souhaitant accélérer leur développement via la défiscalisation, ou encore avec l'apposition d'une « pastille bleue » pour les véhicules dits propres ouvrant droit à certains avantages.
Sur la viticulture, secteur en crise, le ministre de l'Intérieur a préconisé une stratégie de reconquête des marchés internationaux et n'a pas manqué d'évoquer les difficultés rencontrées par le secteur des fruits et légumes, « même si j'ai passé un été tranquille ». Des perspectives de développements sont apparues pour l'agriculture bio, « que nous avons trop tardé à encourager » et que le candidat s'emploie à imposer dans les cantines des Hauts-de-Seine. Vis-à-vis des OGM, bien que vindicatif envers les « délinquants des champs », Nicolas Sarkozy a assuré ne pas percevoir, pour le moment, de service rendu réellement et partage les réticences à leur utilisation. Sur les négociations à l'OMC, il s'est déclaré consterné par la manière dont les débats étaient gérés, fustigeant le rôle des administratifs qui n'ont de compte à rendre à personne. M. Sarkozy a conclu son intervention par un appel à combattre la nostalgie sur le monde agricole. « L'agriculture, c'est un élément de la puissance économique de la France. C'est une industrie. Elle mobilise des capitaux ». « Pour moi cette convention est aussi importante que les autres » a-t-il ajouté. Mais avait-il besoin de le préciser, devant un parterre et une salle pleins à craquer acquis à sa cause.