Luc Chatel favorable au hard discount
À la recherche de pistes pour relancer le pouvoir d'achat, le secrétaire d'État à la consommation Luc Chatel a reçu hier le rapport sur le modèle du low-cost, commandé quelques semaines plus tôt. Présent dans l'alimentaire via les magasins de hard discount, « ce modèle économique encore méconnu est porteur d'espoir » a estimé Luc Chatel, qui souhaite diminuer les prix par la stimulation de la concurrence. Le rapport, réalisé par Charles Beigbeder, président fondateur de Poweo et président de la commission innovation du Medef, avance 5 propositions dont l'augmentation de 300 à 1000 m 2 du seuil au-delà duquel il est nécessaire de déposer une demande pour ouvrir une surface commerciale.
Le gouvernement a prévu de revoir les règles de l'urbanisme commercial au printemps prochain, dans le cadre de la loi de modernisation économique (sans toutefois donner d'indications chiffrées), l'objectif étant de modifier un système « absurde ». « Avec la ligne Maginot des CDEC (Commission départementale d'équipement commercial), nous avons perdu sur tous les tableaux. La grande distribution a continué à se développer, et nous avons bridé le développement du commerce » a observé Luc Chatel. Il a rappelé la volonté d'agir sur les revenus dans le cadre de la relance du pouvoir d'achat, mais aussi d'utiliser le levier d'une baisse des prix.
Face aux interrogations, M. Beigbeder a de son côté indiqué que 71 % des Français sont prêts à se passer d'une bonne présentation des produits si une baisse de prix est au rendez-vous, 61 % des sondés se contentant également d'un choix plus limité en échange de tarifs plus bas.
En France, le hard discount représente environ 12 % des achats alimentaires, avec des acteurs étrangers (Aldi et Lidl sont allemands) très puissants. Leur approvisionnement ne fait qu'en partie travailler les PME, pour des prix très bas, mais cet aspect n'a pas inquiété Luc Chatel. « Même si les hard discounters proposent de produits non français, le low-cost n'est pas l'ennemi de l'emploi »a t-il affirmé, a contrario des récentes déclarations de Nicolas Sarkozy. « Il y a un problème au niveau de l'alimentaire en France, avec un panier moyen dont le prix est supérieur de 10 % à l'Allemagne » a poursuivi celui qui se rendait hier au Sénat pour l'examen de son projet de loi, qui réforme la loi Galland. Au-delà des implications sociales, Luc Chatel entend lutter contre les rentes de situation de la grande distribution, que pourrait remettre en cause un assouplissement des règles d'implantation. Mais à quel prix ?