L'organisation de l'Aïd El Kebir tend à s'améliorer
Les 10,11 et 12 janvier prochains sera célébrée la fête musulmane de l'Aïd El Kebir. Comme chaque année, le sacrifice du mouton nécessite une organisation importante des éleveurs et des abattoirs afin que les animaux soient prêts pour trois jours de célébrations, le premier étant le plus prisé par les fidèles. Selon les statistiques du ministère de l'Intérieur, 118 000 bêtes ont été abattues pour l'Aïd en 2005 (contre 120 000 l'année précédente) dans 185 abattoirs pérennes (contre 162 l'an passé) et 19 abattoirs temporaires (contre 23). « Les abattoirs pérennes se sont mieux organisés l'an passé. Le nombre de départements sans sites pérennes a diminué. En revanche le nombre de sites temporaires a reculé, globalement le rendement s'avère décevant pour les opérateurs », analyse Didier Leschi, chef du bureau central des Cultes.
Fin 2005, des réunions préparatoires organisées en région entre les conseils régionaux du culte musulman (CRCM), les représentants des professionnels et des services administratifs se sont tenues pour la troisième année consécutive et il semblerait que le dialogue commence à porter ses fruits. « Nous sommes en voie d'amélioration pour l'organisation en Seine-et-Marne», confiait hier aux Marchés Anouar Kbibech, président du CRCM Ile de France Est.
Au cours d'une réunion mi-novembre les cinq abattoirs de Seine-et-Marne ont proposé un plan d'action pour améliorer l'accueil des fidèles et la distribution des moutons. En revanche, sur l'Essonne la situation reste difficile, le département ne comptant pas d'abattoirs pérennes. L'expérience de l'abattoir mobile tentée il y a deux ans n'a pas été renouvelée, faute de rentabilité.
La distribution s'implique
Pour l'instant le CRCM incite les musulmans à se reporter sur les abattoirs de Seine et Marne, mais « on travaille à moyen terme sur une solution pour la mise en place d'un abattoir pérenne en Essonne», annonce Anouar Kbibech. Un promoteur serait intéressé, des propositions d'opérateurs fiables seraient en bonne voie. Reste à trouver une commune pour l'héberger.Un phénomène nouveau pourrait aussi à terme pallier au manque de structures : l'entrée de la grande distribution sur le marché de l'Aïd. Carrefour, et dans une moindre mesure Intermarché, Leclerc et Métro, ont annoncé qu'ils allaient pour la première fois en 2006 proposer des moutons entiers abattus selon le rite musulman. Une démarche qui rend sceptique le CFCM (Centre français du culte musulman). « Nous n'avons eu aucune information de la part de ces chaînes sur l'origine des moutons, la traçabilité et les moyens d'acheminement. Et nous avons de grandes craintes que les conditions d'abattage de l'Aïd ne soient pas respectées», précise Anouar Kbibech. Le CFCM a adressé des courriers aux distributeurs pour leur demander des garanties écrites.
Malgré ce défaut d'information, les instances musulmanes pensent que l'entrée de la distribution dans l'offre de moutons pourrait avoir à terme un effet positif, en atténuant les prix qui se sont envolés ces dernières années. En 2005 le prix moyen au kilo des ovins a grimpé à 32,74 Eur/kg contre 29,49 l'année précédente et 28,61 en 2003. En revanche le prix moyen du mouton entier est passé de 171 à 162 Eur.