L’OPG doute du bien-fondé des usines de biocarburants
Avant même leur édification, les futures usines de productions de bioéthanol et l’orientation générale des biocarburants déclenchent les débats. Le scepticisme affiché par l’Organisation des producteurs de grains, branche spécialisée de la Coordination rurale qui tient son assemblée générale aujourd’hui en Charente, tranche avec l’enthousiasme affiché par le gouvernement et les parties prenantes de la filière, l’AGPB, l’AGPM et la CGB. L’OPG s’interroge notamment sur la direction qu’est en train de prendre la production de biocarburants en France.
Interrogation sur la rentabilité
Encore balbutiante, cette filière ne possède pas encore d’outils industriels suffisants pour obtenir un prix de revient équivalent aux grands concurrents mondiaux tel que le Brésil et les Etats-Unis, estime le syndicat qui a souhaité lancer ce débatces jours-ci. Un écart du simple au double qui s’explique par la difficile rentabilisation des unités de production, le cours des matières premières restant identique au niveau mondial. « Les usines françaises seront condamnées à vivre aux dépens des aides pour rester compétitives » affirme Jacques Commere, ingénieur responsable du développement à l’OPG, qui s’interroge sur la rentabilité évasive et l’avenir de ses structures, et se prononce plutôt en faveur des filières courtes.
En amont du prix de l’éthanol « sortie d’usine » se pose également le problème de la rémunération des matières premières utilisées.
L’OPG a cité l’exemple du tournesol destiné à la production de biocarburant, payé 50 euros en dessous du tournesol alimentaire. En engageant les producteurs dans des contrats d’approvisionnements à long terme sans garantie de prix rémunérateurs, la Coordination rurale craint également que ces derniers ne profitent pas d’un retournement de tendance des prix.
« La FAO prévoit d’ici à 15 ans un manque d’oléo-protéagineux, dont nous sommes déjà très déficitaires. Nous serons alors heureux de pouvoir disposer de surfaces agricoles destinées à l’alimentation, avec des prix en hausse, plutôt qu’à la production de carburant ». Synthèse faite de tous ces éléments, l’OPG va faire le point aujourd’hui sur la question des biocarburants pendant son congrès national, auquel participeront le directeur de l’Union française des industries pétrolières, et un agroéconomiste de l’Inra.
Avant de s’engager ou non dans la voie des biocarburants, l’OPG appelle à bien en étudier les conséquences. Manger ou conduire, il faudrait choisir…