L’OMC toujours plus controversée
«Les grandes lignes d’un accord sont sur la table », a annoncé lundi le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, lors d’une conférence de presse de l’American European Press Club à Paris sur le cycle de Doha. Un nouveau texte a ainsi été négocié dans les domaines agricoles et industriels, dont la mouture, disponible d’ici à la fin avril, pourrait être discutée en mai. Peter Mandelson souhaite qu’une réunion ministérielle se tienne le mois prochain sur cette nouvelle base. Elle pourrait être organisée à Genève dans la semaine du 19 mai. Le commissaire a été clair sur la nécessité de conclure le cycle de Doha cette année, tant que George W. Bush est aux commandes aux Etats-Unis, sans quoi les négociations seraient « vouées à l’échec ».
Cet enjeu a inspiré la démarche du ministre français de l’Agriculture Michel Barnier qui a exhorté lundi l’UE à tout faire pour rester une puissance agricole forte, à l’occasion d’une réunion avec ses homologues européens à Luxembourg. Michel Barnier a tenté de convaincre les autres ministres que l’actuelle flambée des matières premières agricoles est la preuve que l’UE doit rester intransigeante dans les négociations internationales. « Nous avons une raison supplémentaire avec cette crise d’être vigilants pour empêcher tout accord déséquilibré », a-t-il argumenté.
Alors que l’OMC joue sa légitimité, un rapport de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) vient d’être approuvé par 64 pays à Johanesburg (Afrique du Sud). Ce rapport intitulé « Evaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement » (IAASTD) est plus politique que ce qu’ont assuré ses présentateurs hier à l’Unesco. En effet, tout en préconisant une orientation de l’expertise vers la « multifonctionnalité » de l’agriculture, il s’engage sur le plan des échanges commerciaux, élevant au niveau de « priorité urgente » la formulation de politiques propices à la sécurité alimentaire et protégeant les petites exploitations.
Souveraineté, enfin
Seuls les Etats-Unis ont amendé la partie qui met en garde contre l’affaiblissement de l’agriculture de certains pays si l’ouverture des marchés agricoles nationaux à la concurrence internationale intervient avant que les institutions et les infrastructures nécessaires soient en place. L’ouverture « peut mener à des effets négatifs à long terme sur le traitement de la pauvreté, la sécurité alimentaire et l’environnement quand les institutions et infrastructures de base ne sont pas en place », ont nuancé les Etats-Unis.
Le rapport juge aussi indispensable de compenser la perte de revenu consécutive à la réduction des droits de douane pour progresser vers la réalisation des objectifs de développement. Enfin, le rapport introduit le terme de « souveraineté alimentaire », dont la France tenterait bien d’abuser pour défendre ses points de vue dans l’UE.