L’OCM sucre réduite en poudre
A l’heure où la France assistait au défilé du 14 juillet, la Commission européenne s’activait à Bruxelles, en adoptant un « projet de réforme radicale » de l’OCM sucre (organisation commune des marchés). Basée sur un modèle mis en place il y a quarante ans, elle est très, voire trop avantageuse selon certains pour les producteurs européens. Les prix garantis y sont ainsi trois fois supérieurs aux cours mondiaux, une situation qui a entraîné, de la part de l’Australie, du Brésil et de la Thaïlande, le dépôt d’une plainte devant l’OMC (Organisation mondiale du commerce) contre ces subventions. Consciente de la nécessité de proposer une nouvelle organisation d’ici au 30 juin 2006, date de fin du régime actuel, la Commission veut proposer un régime « axé davantage sur les marchés, les consommateurs et les échanges ». Dans les faits, ce changement drastique devrait se traduire par la réduction du prix de soutien institutionnel, qui passerait de 632 à 421 euros la tonne en deux étapes sur trois ans. La Commission préconise également une diminution du quota de production communautaire (de 17,4 à 14,63 M t sur quatre ans) et la baisse du prix minimal pour la betterave sucrière, de 43,6 à 27,4 euros la tonne d’ici trois ans.
Des positions qui tranchent fortement avec les attentes de Saint Louis Sucre, favorable « au maintien des quotas de production et de contingents d’importation, et pour une protection douanière». Pour les betteraviers et les industriels, la pilule risque d’être difficile à avaler.
Franz Fischler, commissaire européen à l’Agriculture l’a d’ailleurs admis : « les moins compétitifs vont souffrir ». Selon le Comité européen des fabricants de sucre, 28 usines seraient menacées de fermeture, principalement en Espagne, en Italie et en France. Dans ce cadre, une aide à la reconversion de 250 euros la tonne leur sera proposée. Les producteurs de betteraves devraient quant à eux bénéficier d’aides découplées de 895 M Eur sur la période 2005-2007 puis 1,34 Md Eur en 2007-2008, couvrant 60 % des pertes subies. L’impact d’une telle réforme touchera également l’Inde et les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), qui bénéficient du régime actuel de prix garantis pour leurs exportations vers l’UE.