L’Iran attend une récolte record de pistaches
Le record de 230 000 tonnes de pistaches produites par l’Iran en 2005 devrait être battu cette année avec près de 250000 tonnes.
Les tapis, le safran et la pistache sont des produits emblématiques du pays, dont il est le premier exportateur mondial pour environ 450 millions de dollars. La suspension des échanges décidée en 1997 par l’Union européenne à cause de la présence de taux excessifs d’aflatoxine est un mauvais souvenir, mais la république islamique a pris le problèmeà bras-le-corps.
En 1997, le taux d’aflatoxine des pistaches iraniennes atteignait 100 parties par milliard (ppb), alors que l’UE applique un maximum acceptable de 2 ppb, bien en dessous des taux de 10 à 15 ppb acceptés par d’autres importateurs. Les pistaches iraniennes destinées à l’exportation passent par un « corridor vert » consistant en une série de contrôles de qualité. « Nous avons aussi institué une autre procédure pour repérer les points critiques depuis les fermes et le transport jusqu’au stockage »,explique Behrouz Qaiby, responsable de la pistache au ministère de l’Agriculture. Le gouvernement sanctionne les exportateurs enregistrant un retour de plus de 10 % de leurs envois sur trois mois, a-t-il ajouté. « Environ 16 % des envois vers l’UE ont été retournés en 2005 alors que seulement 3% l’ont été par les autres importateurs», explique un consultant de la Chambre de commerce iranienne, Assadolah Asgaroladi.
Le premier exportateur de pistaches dans le monde
Les spécialistes iraniens y voient là une forme de discrimination, sans s’expliquer pour autant sa motivation. « Les Etats-Unis, qui devancent tout le monde en matière de santé, renvoient les pistaches contaminées à plus de 20 ppb. Nous considérons les critères de l’UE comme inamicaux et politiques », dit M. Asgaroladi, propriétaire d’une grosse société d’exportation de fruits secs. « Le renvoi d’une cargaison de 25 tonnes coûte 10 000 euros à l’exportateur», remarque-t-il. Résultat, le premier importateur de pistaches iraniennes est d’abord la Chine, avec 40 000 tonnes annuelles, contre 30000 tonnes pour l’UE, et autant pour les Etats-Unis, eux-mêmes producteurs.
La république islamique reste le premier exportateur de pistaches dans le monde, avec le tiers de la production, devant les Etats-Unis, la Turquie et la Syrie. Même les pressions américaines pour empêcher les transactions libellées en dollars avec l’Iran n’ont pas entamé cette position. « Ça a gêné nos transactions, car la plupart des affaires sont réglées en dollars. Mais nous utilisons l’euro ou d’autres systèmes bancaires, particulièrement en Extrême-Orient, pour franchir l’obstacle », explique M. Asgaroladi.