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L’investissement dans les vaches, ça paie

L’éclatement de la finance mondiale et ses conséquences sur l’économie réelle ont mis en lumière le risque de placements hasardeux. Paradoxe, en pleine crise laitière, des instituts de placements financiers recommandent l’investissement en cheptel laitier.

Il ne s’agit pas ici d’or jaune, mais d’or blanc. Plus précisément de vaches laitières : des investisseurs en deviennent propriétaires par l’entremise d’un régisseur spécialisé qui les met en location dans des exploitations.

D’un côté, 1 100 investisseurs du vivant, propriétaires d’un capital de 12 à 15 vaches laitières en moyenne (18 000 vaches adultes au total, majoritairement de race prim’holstein) adhèrent à l’Afic, Association française d’investissement en cheptel. De l’autre, 890 troupeaux exploitants qui louent partie ou totalité de leurs bêtes à ces investisseurs. Les deux parties ne se connaissent pas. Les investisseurs contractualisent avec la société Élevage et Patrimoine qui gère les aspects juridiques et fiscaux, les éleveurs avec Gestel, régisseur en élevage. Et ce, depuis 1972.

Le dispositif fonctionne de la manière suivante. L’investisseur achète, par exemple, 100 têtes de bétail au cours du marché (autour de 1 000 euros pièce) et sa rémunération provient des animaux nés de leur production (86 naissances en moyenne). Le lait des vaches et le produit de la vente des mâles (46 en moyenne) paient l’éleveur. Les 40 filles sont réparties à parts égales entre l’éleveur et l’investisseur. Il reste à ce dernier 5 à 6 génisses, après prélèvement du régisseur en « nature » sur les naissances. Généralement, l’investisseur laisse cette rémunération « en portefeuille » pour l’accroissement de son troupeau. Une rémunération qui correspond à 4-5 % l’an.

Une pratique ancienne et sans risque

Les investisseurs ont la garantie qu’ils engagent leur argent dans des animaux de qualité placés dans des exploitations performantes sélectionnées, assure Pierre Parguerit, pdg d’Élevage et Patrimoine. « Il y a une grosse partie des éleveurs qui louent une partie du cheptel pour investir dans autre chose à l’installation ou lors de l’agrandissement, ou d’autres qui en fin de carrière vendent une partie de leur cheptel à Gestel pour les louer », précise-t-il. Il ajoute que la location de cheptel permet de réduire à la fois l’impôt et l’assiette des charges sociales. Les éleveurs louent au minimum 15 têtes, pour la somme de 42 euros par tête et par an. Ils s’assurent contre le risque de disparition prématurée de l’animal.

Élevage et Patrimoine perpétue une pratique ancienne. L’investissement en cheptel existe depuis la nuit des temps. On le pratiquait au xiii e siècle dans le sud du Royaume de France, dans un contrat appelé gazaïlle. Le code Napoléon, le premier code civil français (1804), a introduit la notion de « bail à cheptel ». Il s’agit d’un contrat « par lequel l’une des parties donne à l’autre un fond de bétail pour le garder, le nourrir et le soigner, sous des conditions convenues entre elles ».

Pour l’instant, l’investissement en cheptel reste relativement confidentiel. 890 loueurs de têtes de bétail, c’est tout juste 1 % des élevages laitiers français. Mais Pierre Marguerit ne désespère pas de trouver un jour un solide partenaire financier capable d’investir massivement dans la location de cheptel. Dans le climat d’incertitudes sur la pérennité des placements financiers, miser sur le seul besoin primordial de l’humanité, la nourriture, peut s’avérer un vrai pari sur l’avenir, dit en substance Pierre Marguerit.

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