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L'Inra part à la rencontre des industriels

Les chercheurs ont besoin de dialoguer. Leur triptyque: le goût, la sécurité et la santé.

« L'Inra revient au Sial, a annoncé vendredi sa p-dg Marion Guillou. Nos chercheurs éprouvent le besoin de dialoguer avec les industriels de l'agroalimentaire. » Pour expliquer leur absence lors des dernières éditions, elle a évoqué un choix budgétaire. Si l'institut choisit de participer au prochain salon, du 22 au 26 octobre à Paris, c'est pour rendre plus accessible des domaines de recherche aux allures parfois rebutantes, comme la métagénomique et la métabonomique.

Les recherches en alimentation de l'Inra s'articulent autour du triptyque : goût et plaisir, sécurité alimentaire, santé et bien-être. Elles nécessitent la mise en place d'outils toujours plus complexes. Le centre de Theix (Auvergne) est par exemple doté d'une énorme plate-forme analytique. Cela lui permet d'explorer la métabonomique. L'approche consiste à regarder toutes les voies métaboliques quand elles fonctionnent en même temps.

Une autre est la métagénomique. C'est ce qui permet d'analyser les génomes de tous les microorganismes d'une niche écologique, même de ceux, largement majoritaires, qui ne peuvent pas être cultivés. Exemple, avec les bactéries de notre tube digestif. « Il y a dix fois plus de bactéries dans le colon que de cellules constitutives de notre corps », a signalé en conférence de presse Xavier Leverve, directeur scientifique Nutrition humaine et Sécurité des aliments. « On ne les connaît pas à environ 90 %. La métagénomique vise à décrire cette métaflore ». En matière de sécurité alimentaire, certains aspects peu perceptibles aux yeux des consommateurs intéressent davantage les scientifiques. Des recherches traitent notamment de l'effet des très petites doses sur une très longue période.

Nouvelles tomates

« La notion de goût nous tient beaucoup à cœur», a renchéri Xavier Leverve. « S'alimenter, ce n'est pas seulement nourrir ses cellules. Le plaisir est un élément extrêmement important », a-t-il fait valoir. Les efforts de l'Inra portent notamment sur la sélection de nouvelles variétés. Un « très gros programme » est en cours pour mettre au point de nouvelles variétés de tomates, tout aussi résistantes et colorées que celles commercialisées sur les marchés, mais plus goûteuses. L'institut travaille aussi sur de nouvelles méthodes de conservation des aliments.

L'Inra, vilipendé par le passé pour son rôle dans l'industrialisation de l'agriculture française, consacre désormais 27 % de son budget et emploie 800 chercheurs et ingénieurs sur la problématique de l'alimentation. Marion Guillou a relevé que des notions comme celle de terroir, chères aux Français mais incompréhensibles pour des chercheurs étrangers, pouvaient désormais être expliquées scientifiquement. « Délibérément», a-t-elle dit, son organisme refuse l'approche « alicament », ces aliments à la mode aux prétentions thérapeutiques, en jugeant cette démarche trop réductrice. « Cette approche n'est pas assez complète sur le rôle du bien-être dans l'alimentation», a expliqué Mme Guillou.

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