L’Inra imagine l'aquaculture de 2021
Quel sera l’état de la pisciculture française en 2021 ? La commission filière poissons de l’Inra s’est attelée à un exercice de prospective et a élaboré cinq scénarios possibles. Le premier imagine le développement d’une pisciculture de terroir, sous haute surveillance. Les pays asiatiques ayant revu leur politique d’exportation pour nourrir une population croissante, l’Union européenne décide de soutenir les initiatives de développement de l’aquaculture dans les régions. Quelques industriels de la filière, en quête de matière première pour la transformation, investissent dans des cages en haute mer. La pisciculture d’étang se professionnalise et se spécialise.
Le deuxième scénario envisage l’intensification de l’aquaculture industrielle mondiale sous l’impulsion des industries agroalimentaires et de la grande distribution. Devant l’envolée des prix des huiles et des farines de poisson, l’intégration de la salmoniculture se consolide et les rayons des grandes surfaces présentent toujours plus de poissons tropicaux d’eau douce (comme le tilapia et le pangas) en barquettes libre-service.
Entre impasse et aquariologie
L’Inra se montre moins optimiste dans un scénario intitulé « l’impasse ». La pêche maintient son niveau d’approvisionnement. L’application défavorable de la directive cadre sur l’eau (DCE) décourage les derniers aquaculteurs et les associations de défense de l’environnement empêchent tout nouveau projet off-shore.
Dans le 4 e scénario, l’aquaculture française renoue avec la croissance, grâce à une volonté stratégique forte de l’Union européenne et de la France. Le gouvernement français décide d’adopter une loi d’orientation favorable à la pisciculture. Certaines contraintes réglementaires sont progressivement levées en ce qui concerne l’introduction de nouvelles espèces, même génétiquement modifiées. Le poisson d’élevage bénéficie d’une meilleure image, synonyme de fraîcheur et de sécurité alimentaire. Les écolabels et mentions « produit en Europe » prennent de l’ampleur.
L’Inra pousse le schéma plus loin dans le dernier scénarion, en imaginant une France japonisante où le poisson est à la mode, sous toutes ses formes. Les pouvoirs publics soutiennent de nouvelles technologies (nouveaux aliments, nouvelles espèces, production en circuits fermés périurbains, « poissons sans arêtes »). Nuggets de poisson inconnu, caviar fluo de Dordogne, poisson d’étang de la Dombes enrichi en oméga 3, les transformateurs rivalisent d’imagination pour conquérir de nouveaux consommateurs. L’aquariologie bondit dans les foyers.