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L’influenza faiblement pathogène enrhume la diplomatie

Des virus aviaires inoffensifs font l'objet d'obligations réglementaires complexes et aux conséquences diplomatiques incalculables. Complications et chantages en vue.

L’OIE (organisation mondiale de la santé animale) et l'Union européenne ont décidé en même temps de prendre en considération les virus d'influenza aviaire faiblement pathogènes. Jusqu'alors, seuls les virus hautement pathogènes faisaient l'objet de déclarations et d'élimination des foyers. Mais les pays membres de l'OIE et de l'UE montrent peu d'empressement. Voilà plus de cinq mois que l'OIE offre à ses membres la possibilité de se déclarer pays indemne de tout influenza aviaire – hautement et faiblement pathogène. Mais aucun ne l'a fait à cette date. De son côté, l'Union européenne demande à ses pays membres de transcrire, d'ici à la fin du mois, sa nouvelle directive sur l'influenza qui concerne les virus faiblement pathogènes. Une majorité d'entre eux, dont la France, sera en retard. Beaucoup de questions pratiques sont encore en discussion au comité d'experts du ministère de l'Agriculture. Pour les poser simplement, qu'est-ce qu'un cas positif et dans quelles conditions doit-on abattre le troupeau ?

Près de 5 % de prévalence sérologique chez le canard

La France n'a rien à se reprocher quant à sa vigilance : des tests sérologiques sont pratiqués systématiquement depuis 2004 sur toutes les espèces de volailles. En outre, les enquêtes annuelles réalisées chez les palmipèdes vont au-delà des contrôles préconisés par l'UE. Par ailleurs, une recherche d'influenza s’enclenche au moindre soupçon de pathologie. Les palmipèdes, canards et oies, sont les oiseaux les plus concernés dans la mesure où ils font partie de la famille des espèces sauvages aquatiques, considérées comme un des réservoirs avérés d'influenza. Et effectivement, les troupeaux domestiques de canard à foie gras ou à rôtir présentent une prévalence de 5 %.

En cas de découverte d'un foyer, la directive européenne prévoit la « destruction ». Cela n'est pas nécessairement dramatique en soi, tempère Hervé Morin, le vétérinaire mandaté par les accouveurs de palmipèdes, tant que cela ne concerne qu'un nombre limité de lots, comme on peut le supposer et à condition que les animaux atteints puissent être sacrifiés à un âge normal, et les volailles de chair, consommées. Le plus contraignant sera de contrôler les déplacements d'hommes, d'animaux et de véhicules autour des foyers. De leur côté, les entreprises d’accouvages ne pourront plus produire de canetons à partir de troupeaux positifs.

Le sujet est encore plus préoccupant pour les entreprises de sélection génétique qui pratiquent le grand export sur pays tiers. Leurs élevages, très protégés, sont in-demnes de tous virus. Par ailleurs, l'OIE n’impose pas d’interdiction d’exporter aux pays qui déclarent une présence d’influenza. Cependant, Hervé Morin imagine très bien qu’un pays comme la Thaïlande, interdit d'exporter des produits vivants et de la viande crue pour cause d'influenza hautement pathogène, fasse pression sur les pays importateurs en menaçant de ne plus importer leurs œufs et oiseaux de reproduction. Du reste, le Japon et la Corée ont déjà fait savoir qu'ils n’importeraient pas de reproducteurs de pays déclarés non-indemnes d'influenza.

La prise en considération par les autorités des influenzas aviaires faiblement pathogènes se justifie en raison de la possibilité de mutation, même si la probabilité d'un tel événement est inconnue. Voilà un ingrédient de plus pour nourrir les amalgames entre grippe humaine, influenza animale, risque pour les animaux et risque alimentaire...

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