L’industrie française défend son marché
Mention du pays d’origine, contractualisation, défense du frais, évolution des cahiers des charges : l’aviculture veut jouer toutes les cartes « France », a expliqué aux Marchés Gilles Huttepain, le président de la Fédération de l’industrie avicole.
Le marché avicole mondial a stagné pour la première fois de son histoire en 2009. La situation de l’aviculture française est fragilisée. Un quart de la consommation européenne est importé. Mais, pour le nouveau président de la Fédération des industries avicoles (FIA), Gilles Huttepain (directeur amont et international de LDC), il ne faut surtout pas abandonner. « Nous avons des atouts à faire valoir ». Notamment… la sévérité des contrôles : « Les services de l’État sont très présents sur le terrain ; nous avons les volailles les plus sûres du monde. Il faut stopper la progression des importations en renforçant les quotas mais aussi en exigeant des contrôles aussi stricts. Entre 10 et 15 % des viandes contrôlées à l’importation sont non conformes. Le consommateur doit pouvoir choisir en connaissance de cause. Nous demandons donc, dans le cadre de la loi de modernisation de l’agriculture, et en plein accord avec la FNSEA, l’indication du pays d’origine de la volaille sur tous les produits, crus comme cuits. Nous sommes extrêmement surpris de la position de l’Ania, qui est contre cette indication, et de celle de Coop de France qui ne veut l’exiger que sur les produits crus ».
Des produits élaborés crus mais pas congelés
La Fédération des industries avicoles soutient également Avec (Association de l’aviculture, de l’industrie et du commerce de volailles dans les pays de l’Union européenne) pour que les produits élaborés crus, que les consommateurs pensent fabriqués avec des produits frais, ne puissent incorporer de produits congelés… généralement importés. « Nous nous étonnons que la Fédération française des industriels charcutiers accepte par exemple des marinades de porcs à base de produits congelés ».
Autre action : la FIA milite pour la contractualisation car, dans un marché mondial, la spéculation déconnecte les prix de la réalité des marchés physiques : « Il existe une distorsion de la règle offre/demande et la contractualisation est la seule solution pour protéger à la fois les producteurs et les industriels. Elle intègre les charges fixes et variables des producteurs » résume Gilles Huttepain. Qui est par ailleurs farouchement opposé aux pratiques commerciales « 1 gratuit pour 1 acheté » : « C’est particulièrement irrespectueux du travail des éleveurs ». Les relations avec l’amont s’apaisent… alors que le projet d’interprofession redémarre.
Autre levier d’action : la nutrition animale. La valorisation des protéines nationales, comme les tourteaux de colza, est difficile lorsque les cahiers des charges imposent un taux élevé de céréales. « Il faudrait faire évoluer les cahiers des charges afin de renforcer l’indépendance alimentaire de la France, c’est l’un des objectifs de la FIA » conclut son président.