L’indigestion de nutrition
Les appels répétés des institutions au respect de l’équilibre alimentaire sont touchants ; les efforts des PME françaises à apporter une touche d’oméga 3 ou à retirer quelques pincées de sel très louables. Mais très franchement, y a-t-il là de quoi inverser la montée des pathologies liées à des comportements alimentaires incohérents, souvent liés à des problèmes sociaux ? La vérité, c’est que les géants de l’agroalimentaire à la mode anglo-saxonne, ceux qui fabriquent les produits que l’on montre aujourd’hui du doigt, ne se sont jamais aussi bien portés. Au deuxième trimestre de 2006, le bénéfice par action de la Coca-Cola Company a progressé de 8 %, grâce « à un nouveau trimestre de solide croissance» sur les marchés émergents, mais aussi en Amérique du Nord et aux États-Unis. Quant à son concurrent Pepsico, il a tout simplement réalisé un troisième trimestre exceptionnel, avec un bénéfice net en hausse de 71 %, une hausse de CA de 9,3 % et des ventes à l’international en hausse de 16 %. La stigmatisation globale de l’industrie alimentaire n’y fait rien : une partie des consommateurs se tourne toujours systématiquement vers des produits gras/sucrés/salés, par compensation sociale, manque de moyens et surtout par manque d’éducation ou d’enseignement. Les choses changeront vraiment lorsque les acheteurs se tourneront librement vers d’autres produits. Une telle révolution ne s’opère pas en un jour, mais le mouvement est manifestement enclenché. La preuve : Coca-Cola et Nestlé vont lancer ensemble aux États-Unis en fin d’année une boisson au thé vert qui aurait la vertu de brûler les calories. L’idéal, c’est qu’elle ne vienne pas brûler des calories qu’on aurait gagnées en mangeant ses barres chocolatées et des boissons gazeuses…