Limagrain à la conquête du maïs sud-américain
Limagrain se lance à la conquête du marché sud-américain. En Argentine, le Français a racheté un programme de recherche en maïs. Au Brésil, il s’est associé à un semencier du Paraná. En échange, l’expertise en blé de Limagrain intéresse ses partenaires locaux.
Depuis un an, le semencier français Limagrain est parti à la conquête du marché sud-américain. « Nous nous positionnons », nuance Manuel Rubio, le directeur de Limagrain South America, société créée suite au rachat du programme de recherche variétale en maïs du semencier argentin Don Mario. Le dirigeant ne cache pas toutefois l’objectif d’atteindre en semences de maïs 5 à 6 % de part du marché au Brésil et 3 à 4 % du marché argentin d’ici à cinq ans.
En janvier 2010, Limagrain a formé une joint-venture, également avec Don Mario, pour développer des variétés de blé adaptées à la région. Mais pour Limagrain, le grand saut en Amérique du Sud a été fait en juin de l’année dernière avec le rachat du programme d’obtention de variétés de maïs. « Ce rachat a provoqué la création de Limagrain South America », confirme Manuel Rubio. Pour lui, le maïs est une culture stratégique. Elle l’est d’ailleurs tout autant pour le groupe français, aux côtés du blé, du tournesol et du colza, que pour le pays sud-américain où il s’implante. L’Argentine est le deuxième exportateur mondial de maïs, avec une surface semée de trois millions d’hectares. Pour information, le maïs offrirait aux producteurs de la Pampa la meilleure marge brute parmi les grandes cultures.
Sur cet énorme marché des semences qu’est l’Amérique du Sud, surtout le Brésil et l’Argentine, collés au Paraguay et à l’Uruguay, mieux vaut arriver tard que jamais.
Blé contre maïs
Mais que motive l’Argentin Don Mario à s’allier à Limagrain ? Son intérêt porte sur la génétique française en blé. Sur le segment, Don Mario a pris dix ans de retard sur son principal concurrent Nidera. Dès l’an 2000 en effet, Nidera a lancé sur le marché ses premières variétés de blé dite « baguette » avec un succès non démenti depuis lors. « Six sacs de semences de blé certifiées sur dix » achetées ici sont d’origine française, avoue Gerardo Bartolomé, le président de Don Mario. Un chercheur argentin, Pablo Abbate, confirme que les variétés de blé européennes offrent un rendement potentiel supérieur aux variétés locales. Mais, dit-il, les conditions ambiantes en Europe, comme la radiation solaire supérieure à température équivalente, explique davantage que la génétique le modeste rendement moyen argentin : de 30 à 35 quintaux à l’hectare la dernière saison. Le quart des surfaces emblavées en blé en Argentine le serait avec des semences certifiées, soit un peu plus d’un million d’hectares.
Dans l’immédiat, l’intérêt de Limagrain se concentre sur le maïs. En rachetant un programme de recherche variétale, Limagrain s’est doté d’une équipe de quatorze professionnels, d’une base de germoplasme et d’une estancia de 40 ha qui est l’épicentre d’un réseau de parcelles d’essais couvrant le pays. Le semencier français ne cache pas ses intentions de commercialiser sous sa marque des variétés de maïs, tournesol et colza, dès l’an prochain. « Cette année, nous développons de nouvelles variétés. En 2012, nous en lancerons quelques-unes sur le marché ». Au Brésil, la firme s’est associée à un partenaire local pour développer et vendre des variétés de maïs subtropicales et tropicales.