L’Histoire passe
Vous êtes déçus parce que vous avez voté oui ? Vous triomphez parce que vous avez dit non ? Vous croyez que cela va changer quelque chose ? Bah, l’Histoire ne se fait pas à coup de bulletins de vote, ou alors dites-moi quand les urnes ont changé le monde. Nous avançons dans un temps historique, et le temps électif n’est qu’un battement d’aile de papillon, une insignifiance. La démocratie a ceci d’avantageux que rien n’est décidé pour longtemps, et que ce qu’un vote fait, un autre le défait à la première occasion – ce qui, au passage, m’ancre dans la certitude que Valois et Bourbons ont eu jadis plus d’intelligence politique et d’instinct de l’Histoire que tous les gnomes d’aujourd’hui. Mais c’est ainsi : les peuples sont versatiles par nature, héroïques à l’occasion, et ils ont l’habitude de croiser leur destin sans le reconnaître. Le nôtre est depuis quelque temps singulièrement aveugle, et il va le payer cher. Quant à solliciter sans arrêt l’avis de tout le monde avant de faire des choses essentielles, et surtout avant de ne pas les faire, voilà où ça mène. En attendant l’épisode suivant, nous survivrons comme nous pourrons : que nous disions oui ou non, nous répondons toujours à une mauvaise question.