L’export de bovins sur les pays-tiers torpillé
La suppression des restitutions (subventions à l’exportation) sur les bovins vifs de boucherie, décidée vendredi dernier en Comité de gestion « viande bovine » à Bruxelles, devrait porter un coup fatal aux exportations européennes sur les pays tiers en 2006, analysait-on lundi dans les milieux du commerce en bétail. « La restitution représentait de 20% à 30% de la valeur du produit. Sans elle, l’exportation de bovins de boucherie sur pays-tiers est pratiquement condamnée », a expliqué aux Marchés René Laporte, consultant dans le secteur du négoce. Ces dernières années, les exportations de bovins vivants, dominées par la France et l’Allemagne, étaient principalement dirigées vers le Liban : 123 825 têtes en 2004 , mais déjà plus que 66 301 têtes en 2005 du fait de la baisse progressive des restitutions, selon les chiffres publiés par la Commission.
La suppression des restitutions n’est pas franchement une surprise. La Commissaire à l’Agriculture Mariann Fischer Boel, poussée par le gouvernement du Danemark, ne cache pas son hostilité au commerce du bétail vivant sur de longues distances, au nom de la défense du bien-être animal. Elle a justifié sa proposition, dans un communiqué, par des « perspectives favorables pour le marché communautaire de la viande bovine ». Sa proposition n’a pas trouvé face à elle d’opposition unie. Il faut dire qu’elle a été déposée en urgence, le mardi, pour une adoption le vendredi.
Cette précipitation a choqué les professionnels. La Fédération des commerçants (FFCB) relève qu’alors que les négociations de l’OMC « devaient se traduire par un ‘démantèlement progressif’ des subventions à l’export jusqu’en 2013 et cela sous condition d’application de mesures identiques de la part notamment des Etats-Unis, l’Union européenne se distingue une fois de plus, au détriment de la valorisation de la production de ses éleveurs et de l’activité des opérateuirs commerciaux».
Le principal bénéficiaire de cette mesure est déjà connu : le Brésil. Le bétail brésilien, qui reste autorisé au Liban en dépit de la fièvre aphteuse qui sévit dans le pays, devrait occuper la place laissée libre. Le pays avait exporté 1 000 têtes au Liban en 2003. Au cours des 10 premiers mois de 2005, il en a exporté 84000.