L’Europe pèsera lourd dans l’agenda de Barnier
«Tout au long de la campagne présidentielle, des engagements ont été pris dans le champ de vos compétences ministérielles. Il va de soi que nous attendons de vous que vous les teniez. » Nicolas Sarkozy a précisé à Michel Barnier, comme aux autres ministres, les principaux objectifs qu’il doit atteindre, dans une lettre de mission rédigée le 11 juillet dernier. S’ils ne sont pas chiffrés, ces objectifs révèlent – ou confirment- les orientations générales du nouveau président de la République.
Dans le domaine agricole, le projet présidentiel se traduit par l’affirmation de l’importance économique de l’agriculture et de l’agroalimentaire, que le ministre devra « conforter ». Nicolas Sarkozy souhaite que les agriculteurs jouent un rôle accru dans la transformation et la valorisation des produits de l’agriculture. Ainsi évoque-t-il la possibilité de permettre aux agriculteurs de « prendre des participations » dans les entreprises agroalimentaires « par l’intermédiaire de fonds mutualisés » ou de renforcer leur organisation collective. « Vous ferez du renforcement de l’organisation des producteurs et du développement des interprofessions une priorité de votre action », écrit le président de la République. « C’est en étant plus soudés que les producteurs seront plus forts et pourront peser sur la formation des prix et le partage de la valeur ajoutée. »
Un fonctionnaire sur deux
Mais c’est sur le dossier européen que Nicolas Sarkozy est le plus insistant, confirmant les raisons qui l’ont porté à choisir l’ancien commissaire pour la rue de Varenne. La lettre invite Michel Barnier à se mobiliser « très fortement » sur le « bilan de santé de la PAC de 2008 », « la présidence française de l’Union » et les grands rendez-vous de l’OMC. « Vous veillerez à ce que les efforts consentis par l’Union européenne dans le cadre des négociations à l’OMC soient compatibles avec les objectifs qui sont les nôtres en matière agricole, et compensés par des efforts d’un niveau strictement équivalent de nos partenaires », insiste Nicolas Sarkozy.
On comprend, dans cette lettre, que le chantier principal de Michel Barnier sera celui la préparation du bilan de santé et l’élaboration de l’après 2013. « Tout l’enjeu de la nouvelle PAC qui se mettra en place à compter de 2014 sera de préserver l’indépendance alimentaire de l’Union européenne et le rôle de l’agriculture dans l’aménagement du territoire tout en permettant à nos agriculteurs de vivre directement de leur travail. C’est au service de cet objectif que vous devez, dès maintenant, engager avec les représentants de l’ensemble de la filière agricole, la réflexion sur l’après 2013. »
L’enjeu environnemental n’est bien sûr pas oublié. Nicolas Sarkozy insiste sur la nécessité de faire apparaître que l’agriculture « est un contributeur essentiel au développement durable ». Mais il demande aussi que le ministre engage avec le ministre de l’Ecologie « les concertations et les actions nécessaires pour, notamment, continuer à mieux utiliser la ressource en eau et réduire significativement l’utilisation d’engrais et des pesticides ». Nicolas Sarkozy demande à Michel Barnier d’inciter les professionnels agricoles « à définir une certification des exploitations respectueuses de l’environnement », sans pour autant citer l’agriculture raisonnée. Enfin, Michel Barnier est appelé à participer activement à la révision des politiques publiques qui va être entamée et qui doit aboutir à la mise en œuvre de l’engagement présidentiel « d’embaucher un fonctionnaire pour deux partants à la retraite ». C’est le seul véritable objectif chiffré cité dans la lettre de mission.